L’histoire de Final Fantasy XVI prend place dans le vaste monde de Valisthéa, où plusieurs nations vivent plus ou moins en harmonie. Ces nations bénéficient de la présence de Cristaux qu’elles exploitent sans trop de vergogne pour profiter de leur magie élémentaire, mais aussi d’une sorte de caste considérée comme inférieure, les Pourvoyeurs. Ces derniers, marqués à la naissance, savent manier librement la magie et sont donc rapidement réduits en esclavage. Et ce n’est pas fini, puisque les nations peuvent également compter sur l’aide d’Émissaires, des personnes capables de se transformer en Primordiaux, le nouveau nom donné aux invocations (Ifrit, Bahamut, etc). Autant dire que ces derniers sont redoutables sur le champ de bataille.
Verre de Cid
Et ça tombe plutôt bien parce qu’il est justement rapidement question de guerre dans ce Final Fantasy XVI. On incarne un certain Clive, jeune homme fils de l’Archiduc de Rosalia, l’une des nations du jeu. Le bougre vivait une vie paisible de noble local… en tout cas jusqu’à l’arrivée de péripéties que nous ne spoilerons pas. L’aventure reprend des années plus tard, avec un Clive adulte et assoiffé de vengeance, même si bien sûr l’histoire va prendre des proportions plus importantes tout en traitant plusieurs sujets qui ne sont pas sans rappeler ce qui se passe dans le vrai monde de la vérité véritable. L’esclavagisme et la liberté, bien sûr, mais aussi l’urgence écologique et les déplacements de populations qui en découlent, la faute à un fléau qui ravage les cultures et ne cesse de s’étendre.
Dès le départ, on sent bien d’où ce Final Fantasy XVI a puisé ses inspirations puisqu’il y a ici de gros relents de Game of Thrones. On est ici sur du bon gros PEGI 18 qui tâche avec de la violence crue, du sexe, de la vulgarité et ainsi de suite. Autant dire que vous ne trouverez pas vraiment de lolis aux cheveux roses ici mais plus des golgoth en armure bien brillante qui n’hésitent pas à se foutre joyeusement sur la tronche pour montrer qui c’est qui a la plus grosse la meilleure nation. Les habitués de la licence ont déjà pu tâter de cet univers par le passé, mais on se retrouve sans doute ici avec l’un des épisodes les plus matures de Final Fantasy.
Bouc émissaire
La bonne nouvelle, c’est que l’histoire bénéficie en grosse partie d’une écriture soignée et de personnages intéressants, même si certains retournements de situation sont clairement cousus de fil blanc. Les habitués du genre ne seront que très peu, voire pas du tout, surpris face à certaines révélations. Malgré tout, FF XVI maîtrise son récit et on le découvre tout de même avec plaisir. Ce qui est une bonne nouvelle puisque les cinématiques et autres dialogues occupent une place de choix ici, surtout en début de partie où l’on ne touche pas la manette pendant de très longues minutes et où l’aventure est hyper cloisonnée. Un choix de la part des développeurs qui ne plaira sans doute pas à tous mais qui était pourtant nécessaire pour mettre en place le lore fouillé de cet épisode ainsi que les tenants et aboutissants.
Néanmoins, toujours concernant cet aspect, tout n’est pas non-plus une franche réussite puisqu’on peut regretter une mise en scène franchement faiblarde durant les dialogues mineurs, ou encore un héros qui manque parfois de patate. Clive est parfois totalement secondaire et est porté par les personnages qui l’entourent sur le moment. Alors, certes, cela peut se comprendre par tout un tas d’épreuves difficiles ayant eu lieu dans sa vie, mais toujours est-il que l’on a parfois envie de rentrer dans le jeu pour le secouer un peu. Certaines quêtes secondaires sont par ailleurs très peu intéressantes, autant sur le fond que sur la forme, mais c’est hélas une habitude dans le genre. En revanche, on apprécie l’effort apporté aux plus importantes d’entre elles qui permettent d'en d’apprendre toujours plus sur cet univers fantastique.
Pourvoyeur de feu
Un RPG, c’est aussi et surtout des combats et bien sûr Final Fantasy XVI n’en manque pas. Et c’est d’ailleurs de ce côté que se cristalliseront sans doute les griefs des fans de la première heure puisque les développeurs sont partis ici sur de l’action qui tâche et qui fait là encore penser à d’autres productions, comme du Devil May Cry pour les affrontements basiques ou du God of War pour les combats plus dantesques. Évidemment, il n’est pas question de tour par tour ici, Clive attaquant librement et pouvant au passage utiliser plusieurs aptitudes magiques, effectuer des combos aériens ou encore profiter de l’aide de certains sidekick, à commencer par son loup.
Manette en mains, le système de combat de Final Fantasy XVI est une réussite et c’est un véritable plaisir d’enchaîner les attaques, de switcher d’une sorte de magie à l’autre et de décimer des mobs par dizaines tout en déclenchant une contre-attaque redoutable si on esquive au bon moment. C’est nerveux, c’est fluide et les possibilités sont nombreuses puisque l’on peut personnaliser ‘’l’arsenal’’ de Clive pour tester différentes approches via la présence de plusieurs sets à composer. Précisons tout de même que certains ennemis sont clairement de gros sacs à PV, à commencer par les boss, mais qu’un système de stun permet de les mettre à terre et de s’acharner sur eux une fois qu’une jauge spéciale est vidée.
Le feu sacré
L’équipement, pour sa part, est moins mis en avant ici, même si Clive peut compter sur l’aide d’anneaux qui sont surtout destinés à rendre l’aventure plus accessible : automatiser la prise de potion dès que les PV descendent un peu trop, faire en sorte que le loup attaque tout seul ou encore ralentissement du temps pour rendre l’esquive encore plus permissive, et ainsi de suite. Chacun est libre d’activer tel ou tel anneau histoire de moduler l’expérience. Enfin, comme mis en avant dans la communication du jeu, Final Fantasy XVI propose des combats de primordiaux, Clive ayant la capacité de se transformer en Ifrit.
L’idée est ici de proposer des duels de grosse bébêtes qui ne sont pas sans rappeler l’Attaque des Titans, ou même God of War en ce qui concerne le jeu vidéo. Hélas, ces affrontements sont aussi impressionnants visuellement parlant que décevants à appréhender puisqu’ Ifrit est aussi puissant que lourdingue à manier. Certes, on apprécie de balancer des patates de forain, mais ces scènes sont clairement moins intéressantes, d’autant plus qu’elles durent parfois trop longtemps et qu’elles se basent aussi sur des QTE (même si les développeurs n’ont pas non-plus trop abusé).
J'entends le loup, le guerrier et l'arbalète
Visuellement parlant, Final Fantasy XVI est un vrai plaisir pour les yeux, avec une distance d’affichage impressionnante, des textures détaillées, de sublimes panoramas et des animations fluides, avec aussi une excellente synchronisation labiale pour ceux qui choisissent le doublage anglais. C’est un plaisir de découvrir les environnements de Valisthéa, qui ne prend d’ailleurs pas la forme d’un monde ouvert. Ici, les développeurs ont préféré opter pour des zones plus ou moins vastes et plus ou moins linéaires à parcourir. Un aspect linéaire et souvent répétitif qui déplaira sans doute à ceux qui aiment se perdre dans l’univers d’un jeu mais qui sert surtout à maintenir le joueur sur le droit chemin, donc à avant tout suivre l’histoire. D’ailleurs, l’exploration n’est même pas vraiment récompensée puisqu’elle permet simplement de trouver de petites babioles très peu utiles la plupart du temps.
Exclusif à la PlayStation 5, en tout cas pour le moment, Final Fantasy XVI se fait un plaisir d’exploiter le plein potentiel de cette machine. Sur la map, on peut par exemple se téléporter en un clin d’œil et le tout tourne plutôt bien, même si des chutes de framerate se ressentent en mode Performance. La musique est sublime (mais on n’en attendait pas moins de la part d’un Final Fantasy) et les doublages sont une réussite, en tout cas en anglais et japonais. Précisons que le doublage anglais est mis en avant par les développeurs puisqu’il a servi à la synchro labiale et qu’il apporte un côté plus réaliste puisque l’univers est ici occidental.