Test : Tom Clancy's Rainbow Six : Vegas - PSP

Tom Clancy's Rainbow Six : Vegas - PSP
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Débarqué récemment sur Playstation 3, après des mois de retard, Rainbow Six : Vegas continue sa régression vers le merchandising en squattant désormais une autre console de Sony, la PSP. Si on pouvait attendre d'Ubisoft un portage pur et simple, bâclé à l'extrême reprenant grosso modo les grandes lignes de l'opus next-gen et PC, c'est avec une grande surprise que l'on découvre, une fois l'UMD lancé, que ce Rainbow Six a le mérite de se diversifier dans sa trame, mais aussi dans son orientation.
Et quel exploit ! Etant donné que ces dernières années, Ubisoft se positionne à des années lumières de l'entreprise des frères Guillemot qu'on a connu au bon vieux temps, lors des projets ambitieux d'Ancel, du succès commercial et créatif. Non, tout a été mondialisé à grands coups de dollars, des studios tiers ont été rachetés, des licences aussi. Et dans le but ultime qu'est de plaire à la masse, le studio qui n'a désormais rien de Français s'est lancé à corps perdu sur le champ de bataille de l'autre géant du commerce de masse Electronic Arts, le surpassant même sur certains points. Oui, la thune a massacré l'Ubisoft d'antan, c'est la rançon du succès diront les vieux briscards. Les jeux, eux, en pâtissent, non pas commercialement, où le public des Kevin en manque d'action propagandiste est toujours indéniablement à l'affût ; mais plutôt créativement parlant. Que ce soit Ghost Recon, ou Rainbow Six, les séries vidéoludiques les plus cultes sur PC ont été "merchandisées" au triple galop, dégoûtant des centaines de milliers de fans en un coup de cuillère à pot. Autant dire que ce Rainbow Six Vegas, complètement inutile sur PSP (soyons francs) possède donc déjà les atouts d'un chef d'œuvre.

L'air c'est un peu comme mon cerveau...

C'est indéniablement le premier détail qui choque une fois l'aventure lancée : Rainbow Six Vegas PSP ne propose en aucun cas de revivre les expériences tonitruantes de Logan Keller et de ses deux potes Jung Park et Michael Walter, mais introduit bel et bien un scénario alternatif aux casinos, bien qu'il se déroule lui aussi à Las Vegas, axé sur le même groupe de terroristes et leur chef, la terrible (mais sexy) Irena Morales. En y réfléchissant, on constate d'ailleurs que les trames des deux jeux possèdent plus d'une similitude, prouvant indéniablement le manque de créativité chez les développeurs pour cet épisode PSP, car le but de l'aventure est de retrouver vos collègues rainbow capturés par le groupe après une mission râtée. Soit exactement comme dans les versions PC et next-gen, bien que l'objectif de recherche ait été relégué au second plan après la découverte des plans machiavéliques de la belle Irena. Mais le mal est fait ; durant tout le jeu vous ne serez qu'à la recherche de vos amis et coéquipiers, pour les sauver miraculeusement avant le générique final. Oui je spoil, tout simplement car le jeu ne possède aucun rebondissement même mineur, on se croirait devant Plus Belle La Vie, l'accent marseillais en moins. Dur dur dans ces conditions de prendre son pied en suivant le scénarii.

Une noisette, j'la casse entre mes fesses tu vois…

Côté gameplay, il vous faudra complètement ignorer les douces sirènes des versions Next-Gen et PC, qui prônaient un soft "tactique" avec une gestion plus ou moins poussée des équipiers, en temps réel. Ici, oubliez donc tout ce qui est travail en coopération direct, car si les missions mettent effectivement en scène deux agents Rainbow sur la même carte, ceux-ci sont disposés séparément, et vous devrez les jouer chacun leur tour pour compléter les objectifs de mission. Dans la plupart des cas, l'un aura une mission d'infiltration, de recherche de documents toussa, avec donc un équipement adéquat (et sélectionnable dans le menu de briefing) constitué d'armes automatiques et d'un silencieux, tandis que l'autre gros dur se révèlera utile lorsqu'il s'agit de couvrir une zone, ou des personnages. Le fusil de snipe est donc obligatoire. L'avancée dans le jeu n'a alors plus rien de tactique, et se limite à l'exploration des cartes en dézinguant tout ce qui a un air belliqueux, tout en effectuant des objectifs sommaires et banals. De quoi finir les 5 niveaux qui constituent le mode histoire en seulement une poignée d'heures, débloquant des bonus dans le même style que Syphon Filter Dark Mirror, pour donner une optique de rejouabilité au soft. Si cela ne marche pas, vous pourrez néanmoins vous défouler sur le mode Chasse au Terroriste, servant d'ailleurs d'entraînement officiel aux GI's.
Autrement, Rainbow Six Vegas, comme tout FPS sur PSP, jouit d'une maniabilité suspecte prônant l'utilisation des boutons en guise de deuxième joystick (même si vous pouvez tout inverser). Et comme à l'accoutumée, c'est assez injouable quand on n'est pas habitué, ce qui justifie la présence du lock, dans une version exagérément simplifiée puisqu'elle permet aussi de se fixer sur la tête du vilain pour n'avoir qu'a presser le bouton de tir afin de tuer en un coup. M'enfin, le titre d'Ubisoft tente et réussit à garder le contact avec son aîné en lui reprenant son leitmotiv, le fameux système de couverture, qui de toute façon sera de loin la facette du gameplay que vous utiliserez le plus, au détriment des gadgets ayant quasiment tous disparus. Par exemple, seule la vision nocturne et la camera serpent vous accompagneront dans vos aventures, alors que le système bien pensé de tir en aveugle aura quant à lui complètement disparu. Mais au final, malgré ces manques, le jeu s'avère plutôt plaisant à parcourir, les gunfights sont parfois bien nerveux et il faut avouer qu'on passe du bon temps avec ce gameplay amputé de toutes complications, et c'est en somme ce que l'on pouvait attendre d'une version portable.

Les cacahuètes, c'est le mouvement perpétuel à la portée de l'homme

Techniquement, Rainbow Six Vegas n'est ni moche, ni beau ; ni plaisant à regarder, ni franchement repoussant. Ok, tout est extrêmement cubique à en faire dégueuler Braque, les environnements sont vides, les jeux de lumières inexistants et les personnages ressemblent plus à des expériences sur l'anatomie humaine foireuses qu'a des terroristes baraqués, mais bon, on a déjà vu bien pire sur PSP. Et puis bon, on s'y fait vite. De plus, le jeu possède le mérite de ne pas trop souffrir d'un framerate exécrable, tout est assez fluide (fluide, mais à 20 fps quoi…) et les animations sont franchement réussies pour un jeu destiné à un hardware d'une console portable. Malheureusement, tous les niveaux se ressemblent plus ou moins, pour éviter de se fatiguer à créer de nouvelles textures sûrement, les temps de chargement sont assez chiants et l'HUD aurait pu être plus ergonomique à mon goût. Par contre, ironie du sort, le jeu et ses menus sont jonchés de screenshots du jeu, dans sa version next-gen, comme pour rappeler au peloy ayant déboursé un bon paquet dans le soft, qu'il aurait pu avoir du bump mapping qui déborde, et de la motion capture à foison en ne lâchant qu'une dizaine de bourzoufs en plus. Enfin bon…
Coté son, j'ai découvert avec effroi après 3 heures de jeu que le titre comportait des pistes audio… au grand dam de l'ambiance générale du soft, aussi vierge que le tableau des conquêtes d'NKB. Bon, ok, les missions d'infiltration top réglées qui peuvent avoir une influence sur le monde futur n'ont pas besoin d'être sillonnées par de la techno trans house mix en pleine phase de jeu, mais on aurait préféré entendre autre chose que le bruit d'une arme automatique foireuse, ou l'unique onomatopée des ennemis en alerte : "j'en vois un !. Mais qu'importe, le doublage a lui été effectué avec soin par la même équipe chargée des épisodes PC et console, afin que les personnages présents dans les deux opus gardent les mêmes voix, cela va de soi. Et il faut avouer qu'on s'y croirait presque. De quoi donner l'envie d'aller faire du frag sur les modes multijoueurs via ad hoc, avec donc plusieurs PSP possédant le jeu, ou par infrastructure sur le net. Dans ce dernier cas, il vous faudra complètement oublier le sens du mot "amitié", et vouer désormais un culte à l'expression "va te faire mettre enculé de ricain" tant les coups bas les plus sournois y sont surreprésentés.
Rainbow Six Vegas est vraiment l'illustration de ce que devraient être les jeux multi-plateformes à l'extrême, c'est-à-dire un soft qui s'inspire logiquement et énormément de l'œuvre principale, tout en apportant son lot de contenu exclusif, traduit ici par un scénario tout nouveau tout chaud. Le titre est même vraiment divertissant à parcourir, bien que trop court et jouissant d'une réalisation en dents de scie, mais le constat général penche indubitablement vers le positif.
04 août 2007 à 01h08

Par

Points positifs

  • Plaisant
  • Il n'est pas un bête portage à la con

Points négatifs

  • Techniquement douteux
  • Partiellement injouable pour les non initiés au hara-kiri
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