Endless Ocean 2 est une œuvre contemplative. Bon et alors, quand on dit ça, on dit tout et rien à la fois ! Pour mieux comprendre, il faut s'imaginer une session d'Endless Ocean comme une promenade, un dépaysement certain. Inutile de préciser qu'il ne faudra pas compter ici sur la proéminence d'une action non-stop, d'aliens baveux, de zombis ou des gros flingues. EO, c'est la contemplation du temps qui s'écoule, douceur et âpreté insondable de l'océan. Même si d'océan il ne reste que de petits points d'eau et autres lagons… Après avoir piétiné le bouton A pour passer les explications de vos missions, et une fois les pieds dans l'eau, la magie opère. L'ambiance qui s'en dégage est sensationnelle de douceur et de tranquillité. Certains bassins sont d'une esthétique confondante. La bande sonore y contribue de manière magistrale, avec de resplendissants morceaux.
L'homme de l'Atlantide
Malheureusement, les phases de dialogues, en plus d'être d'un profond ennui, brandissent la pauvreté sans nom des animations de personnages, statiques et ridicules qui, à l'image de Patrick Duffy, semblent plus à l'aise sous l'eau que sur la terre ferme. Les dialogues, encore eux, sont d'une affligeante naïveté. Pas minables, juste niais ! Et que j'te balance des banalités, et que papy est le plus grand papy du monde, et que les personnages sont assez débiles pour aller s'acoquiner dans des situations débiles. Par exemple la meuf qui plonge en solitaire au milieu des requins, sans le dire à qui que ce soit, après nous avoir fait étalage de sa connaissance des environs marins quelques jours auparavant. Bref, une composition narrative prétexte à nous faire évoluer en eaux plus ou moins troubles. Mais comble d'un esquimau, malgré cette cancrerie actantielle, l'expérience sous-marine n'en ressort pas moins intéressante. L'ambiance est placée sous le signe de la lenteur contemplative, rythme imposé par l'oppression des profondeurs (d'ailleurs parfaitement retranscrite). Il est difficile de ne pas être admiratif du travail effectué par les graphistes et les animateurs d'Arika. Bien entendu, si on n'aime ni les fonds marins, ni le silence envahissant des mondes engloutis, je ne vois pas par quel miracle on aimerait
Endless Ocean.
Question de rythme
Durant le jeu, vous serez amené à faire une somme importante de missions. Soigner des animaux, trouver ceci ou cela, etc. Pour chacune d'entre elles, on devra souvent passer par des phases "d'action" loin d'être toujours passionnantes, puisque souvent limitées en terme d'interaction. On est les pieds dans le plat d'une recette grand public et on ne nous le cache pas ! Dans cette veine, les phases de dressage de dauphin (idée intéressante au demeurant) sont charmantes mais affreusement mal pensées. Ici, il aurait été intéressant de pouvoir créer ses propres chorégraphies, ses propres interactions avec notre ami delphinidé. A n'en point douter, l'intégration du Wii Motion Plus (et donc de l'émancipation de certaines contraintes de mouvement) aurait été une plus-value de premier ordre… C'est pourquoi, si je devais caricaturer ce second opus d'
Endless Ocean, je dirais qu'il regorge de sublimes frustrations. Soit on se contente de ce que l'on nous donne, bercé par le lyrisme d'une ambiance sensationnelle, soit on s'arrête sur une foultitude de bévues qui auraient pu (dû ?!) être améliorées (ou optimisées) et on tourne petit à petit le dos à une merveilleuse expérience. Il n'empêche que...
De qui se moque-t-on ?
Ce n'est pas parce que l'ambiance est exquise et que la faune semble prendre vie face à nos nigauds petits yeux que l'expérience n'est pas entachée d'erreurs grossières. La plus choquante est le parti pris d'interactions assez pauvres et/ou répétitives. Le triptyque fondamental se limite à "toucher, soigner, nourrir". Bien sûr, ce sont les mises en situations qui font et défont la véritable diversité du jeu. Mais avouons-le, "toucher" est un bien grand mot ! Il ne s'agit que de pointer et d'agiter la Wiimote négligemment. On repassera pour la sensation "tactile". Quand on compare au travail sur la "prise d'objets" que les développeurs de Boom Blox ou Eledees ont réalisé avec la Wiimote, donnant la subtile sensation de préhension (même si elle s'avère parfois délicate), on ne peut que déplorer la nullité de ces phases "tactiles" dans
Endless Ocean, et d'autant plus dans un second opus, qui n'aura même pas fait l'effort ne serait-ce que d'évoluer dans ce sens… Pour une suite, de qui se moque-t-on ? Et quand bien même on ne s'arrête pas au seul maniement brut, c'est d'un point de vue conceptuel qu'Arika a fauté. Les petites phases d'interactivités auraient du être plus variées, plus complètes… et simplement plus ludiques.