Test : Child of Eden - Xbox 360

Child of Eden - Xbox 360

Child of Eden - Xbox 360

Genre : Shoot émotionnel

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Allumez un encens et des bougies parfumées. Fermez les yeux. Ouvrez vos chakras. Inspirez profondément, expirez len… te… ment… Évacuez les ondes négatives. Pensez à votre animal fétiche, laissez-vous envahir par sa présence et la joie qu’il vous procure. Ressentez l’énergie qui parcourt votre corps. Child of Eden débarque sur Kinect, et c’est « good vibe ». Attention au décollage, c’est de la bonne et elle est pas coupée.
Si vous suivez de près l’actu de Child of Eden, vous n’avez sûrement pas manqué notre interview de ses créateurs, Tetsuya Mizuguchi et Tommy François. Les deux hommes nous avaient longuement parlé de leur projet, et nous avions pu nous y essayer. Le rappel des bases sera donc bref.

Genèse

Lumi est le premier être humain né dans l’espace, et n’a jamais mis les pieds sur Terre. Le but du jeu est simple : la belle est en danger, il faut la sauver. La sauvegarder ? Le contexte est partiellement défini, on sait qu’il est question du 23è siècle, de virus, et d’Internet évolué (qui prend le nom d’Eden). Très honnêtement, les détails de cette quête importent peu, on en sait juste assez pour avancer sans se demander pourquoi. D’ailleurs, on ne se soucie de la question qu’à la fin d’un niveau, tant le déroulement de ceux-ci nous rend captif de l’instant. Le « successeur spirituel de Rez », comme aiment le désigner ses créateurs, est loin d’une simple copie évoluée, malgré certains principes communs.

L'art est-il moins nécessaire que la science ?

Ces principes, on les retrouve souvent chez Mizuguchi. La synesthésie dont il nous parlait dans l’interview est un aspect fondamental de son travail, y compris en dehors des jeux vidéo avec le groupe Genki Rockets (qui signe la bande son du jeu). L’idée est de proposer une expérience la plus complète et immersive possible, mêlant l’action au son et à l’image en imaginant une interaction étroite entre les trois. La musique entraînante impose son rythme, et chaque action vient ponctuer la mélodie de nouveaux sons. Le joueur est incité à respecter le rythme, puisqu’on lui octroie un bonus quand il lâche ses tirs au bon moment. Cette action reste quand même assez hasardeuse par moments. L’aspect visuel, lui, consiste en une véritable poésie de formes et de couleurs à laquelle les consommateurs de LSD ne seront pas insensibles. Mais la drogue c’est mal, et la réalisation est assez pointilleuse et spectaculaire pour qu’on ressente des choses sans consommer de produit illicite et dangereux, si on est d’humeur à recevoir ce type de création (les détracteurs diront qu'il suffit de regarder le visualiseur du Windows Media Player pour avoir la même chose). Parfois presque kitsch, avec une ambiance paillettes et boule à facettes, les différentes phases du jeu correspondent à des thèmes (« beauté », « passion »…). Chaque niveau suit un fil rouge autour de son thème, avec un boss en plusieurs phases et quelques ennemis qui gravitent autour, le tout avec comme objectif secondaire quasiment insurmontable d’avoir un score parfait, ce qui nous rend particulièrement attentif à l’arrivée des vagues d’ennemis.

Chasse au trésor

Child of Eden est un « shooter émotionnel » rejouable de bien des manières. Il faut, en y allant tranquillement, environ deux heures pour finir l’aventure une première fois, en comptant quelques défaites inévitables (chacun des 5 niveaux dure environ 12 minutes, selon vos performances, le dernier est un peu plus long). Ceci sans se soucier des points. Après quoi un sixième niveau est disponible, qui se termine lorsque vous perdez tous vos points de vie. On débloque également un plus grand niveau de difficulté, et de nouvelles options pour modifier sons et graphismes et profiter de l’aventure dans de nouvelles conditions. Les classements en ligne concernent chacun des modes de difficulté, avec les deux façons de jouer : via Kinect ou à la manette, ce qui double les défis pour ceux qui cherchent la compétition. Ceux qui souhaitent se concentrer sur l’exploit sont aussi servis, puisque le jeu propose 49 Succès Xbox pour un total de 1000G, la plupart étant secrets. Certains demandent des choses inimaginables quand on commence le jeu, comme détruire 100% des ennemis ou faire un score si haut qu’il faudrait pour cela enchaîner les « perfect » sans faire d’erreur. Enfin, si vous êtes un peu moins extrême, il existe aussi quelques éléments de bonus à gagner (images, vidéos, objets interactifs dans le menu) en finissant plusieurs fois chaque niveau. En fait, il faudra carrément les finir 12 fois chacun. Tout ça augmente beaucoup la durée de vie du titre, ce qui fait de Child of Eden un jeu visant un public très demandeur de défis, malgré des dehors tout public.

La manette, c'est vous

Avec tout ça, on n’a pas encore abordé le sujet qui fâche : Kinect. L’appareil est, depuis sa sortie, moqué par la grande majorité des joueurs, à cause des titres proposés. À l’inverse, de nombreux créateurs expérimentent des choses non destinées à la vente, simplement pour voir ce qu’il est possible de faire avec l’appareil. La demande étant assez importante, Microsoft a même commencé à rendre disponible un kit de développement pour les amateurs. Ce qui montre que l’appareil inspire et qu’il est possible de proposer des expériences innovantes l’utilisant. Child of Eden en fait-il partie ? Effectivement, ça aura pris du temps, mais il existe enfin un jeu qui… Pardon, il existe enfin un jeu, tout court, sur Kinect. On vous renvoie une fois de plus vers notre interview où les créateurs nous parlent de leur approche de cet ustensile. Chez nous ? Ça fonctionne correctement, ça répond très bien aux mouvements, pour peu qu’on aie un bon éclairage, un fond uni, etc… C’est Kinect, quoi. Une fois votre salon optimisé, tout va bien. Les commandes : bras droit pour le tir principal (on verrouille jusqu’à 8 cibles, on tire en agitant la main), bras gauche pour le tir secondaire qui affecte les cibles violettes et protège des tirs ennemis, mais jamais les deux en même temps, ce qui est plutôt dommage. Gérer deux viseurs à la fois n’aurait pas nui à l’expérience, mais peut-être le capteur aurait-il eu du mal à suivre si les mains se croisent ? C’est déjà le cas à certains moments, si on a le réflexe de se mettre un peu trop de profil. Un dernier conseil : si vous avez besoin de vous gratter ou de vous recoiffer, retenez-vous ! Vous seriez totalement désorienté. Le point positif, en revanche, c’est que les plus avachis se découvriront des muscles insoupçonnés après quelques dizaines de minutes de jeu, quelque part sous l’omoplate. À moins de ne pas être curieux et de se contenter du jeu à la manette, qui n’offre pas les mêmes sensations. On termine ce paragraphe avec un avis personnel : ce jeu offre une meilleure expérience avec Kinect, ne serait-ce que pour contrer les tirs ennemis avec plus de précision (le stick de la manette est parfois trop rapide).
Child of Eden, vrai hit ou titre secondaire ? On aimerait qu’il rencontre un franc succès auprès du public, autant qu’il en aura un médiatique. Les risques se portent sur la durée de vie, trop courte quand on n’aime pas rejouer à un jeu, et sur la difficulté de ses défis, destinés à une élite pour certains. Atypique, spectaculaire, curieux, il reste un objet indispensable pour les amoureux du jeu vidéo et ceux qui recherchent une dimension artistique dans ce support créatif. En tant que joueur, le plaisir sera prolongé pour les demandeurs de vrai challenge et les chasseurs de Succès. Kinect a suffisamment peu de ratés pour qu’on juge l’expérience concluante, et au moins au même niveau que ce que propose la jouabilité à la manette. Si les possesseurs du capteur cherchaient un titre pour l’accompagner, celui-ci est le plus convaincant à ce jour, jeux musicaux mis à part. Disons-le quand même une dernière fois : l’aventure se termine vite, et c’est la recherche de score et de récompenses qui se trouve au cœur du jeu après ça pour assurer sa longévité. Vous êtes prévenus.
18 juin 2011 à 05h23

Par

Points positifs

  • Un parti pris créatif qui sort de l'ordinaire
  • Une réalisation très soignée
  • Beaucoup de challenge
  • La meilleure expérience Kinect actuelle

Points négatifs

  • Une aventure courte pour une rejouabilité parfois élitiste peut faire peur aux moins motivés
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