Test : Double Fine Happy Action Theater - Xbox 360

Double Fine Happy Action Theater - Xbox 360
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La drogue, c’est mal. On vous l’a assez répété depuis votre petite enfance pour que vous vous teniez éloigné des champignons et autres herbes « médicinales » que l’on trouve sur le marché noir. Mais certains n’ont peut-être pas eu la chance d’avoir des parents aussi soucieux de leur avenir. Il semblerait qu’à Double Fine, un certain nombre de ces brebis égarées aient trouvé refuge. Et chez Microsoft également, puisqu’ils ont autorisé la sortie au début du mois de février du jeu Double Fine Happy Action Theater sur Kinect. Si c’est pas malheureux…
Depuis sa sortie, DFHAT, pour aller plus vite, et même si c’est pas très joli, a déjà fait l’objet de quelques reviews plutôt élogieuses. À la vue du trailer, c’était quand même assez surprenant. On a donc testé nous aussi ce titre ciblant les jeunes enfants, développé spécifiquement pour l’EyeToy. Pardon… pour Kinect. D’abord entre grands, dans un bureau, en se disant qu’on avait gardé notre âme d’enfant et qu’on serait vite happés par la fraîcheur et l’innocence de ce jeu gentillet. Puis, avec de vrais enfants, pour voir si avec eux ça marchait vraiment, l’expérience ayant été peu probante.

C'est que pour les enfants !

DFHAT, c’est donc une série de mini-jeux, tournant autour de différents thèmes truculents comme la lave, la neige, ou les pigeons. Se débarrassant de tous les artifices du type score, point de vie, ou intérêt, le jeu se contente de vous demander de rester planté devant la caméra et de faire le zouave. Dans chacun des jeux vous êtes filmé et représenté en direct, parfois avec la pièce dans laquelle vous jouez. Selon ce que vous avez choisi, agiter les bras n’importe comment vous fera jeter des graines pour faire pousser des fleurs, attraper un asticot au bout d’un hameçon, ou bien fera scintiller des feux d’artifices à la place de vos mains. Sans avoir d’objectif, vous quittez les jeux quand bon vous semble pour aller en essayer un autre. Cette absence d’objectif fait de DFHAT un répertoire de démos plus qu’un jeu. En tant qu’adulte, après quelques secondes sur chacune des propositions, on a fait le tour des possibilités et rien ne nous donne envie d’y revenir.

La chasse au Dahu

C’est donc avec des enfants que nous pourrons obtenir une réponse à la question « est-ce que DFHAT, c’est fat ? ». Les enfants sont une espèce protégée, que l’on trouve généralement dans les régions boisées. Qu’à cela ne tienne, nous sommes partis en forêt pour dégoter un troupeau, et nous avons pu isoler deux jeunes spécimens que nous avons neutralisés à l’aide de fléchettes paralysantes, puis ramenés clandestinement dans notre laboratoire secret. Une fois apprivoisés, nous les avons laissé jouer avec l’appareil pour voir comment ils s’en sortaient. A priori, le jeu étant conçu pour eux, ils sont censés pouvoir y trouver leur compte. Comment ont-ils réagi ? On peut déjà vous dire que Samuel, 2 ans et demi, n’a pas vraiment osé s’y mettre. Il préférait ses jouets habituels, solides, matériels. Si vous avez un exemplaire du même âge, mieux vaut attendre qu’il mûrisse un peu pour lui proposer ce type d’expérience. Nous avons relâché le nôtre dans la nature pour qu’il retrouve sa famille, on n’est pas des bêtes.

Hé, pssst ! Tu veux un bonbon ?

Quant à Simon, 5 ans, il en redemande encore. Bien sûr, sur les 18 jeux, il avait ses préférences, mais on peut supposer que chaque proposition peut trouver son public. Passons un peu en revue les types de jeu présents dans DFHAT :
- Les jeux de danse : les moins appréciés de notre cobaye, mais plutôt bien vus par les adultes. La drogue est passée par là : expériences colorées, kaléidoscope, arcs-en-ciel fluos et boule à facette, des délires visuels que tout le monde peut apprécier en fin de soirée, quelques verres derrière lui. Simon, lui, est resté planté devant en se demandant ce que c’était que ce machin. Un peu comme nous l’avons fait, nous adultes, devant les autres jeux.
- Les jeux à récompense : certains jeux intègrent tout de même une idée bien utile pour susciter l’intérêt chez les plus jeunes : les récompenses. Aucun challenge, mais les enfants se laissent berner, ces gros naïfs. Lol, il son tro nul. Par exemple, le jeu des ballons qu’il faut éclater donne des cadeaux par intermittence. Et le gosse est super content d’avoir gagné des cookies, une banane, une clé ou un sac à main. Il est persuadé d’avoir fait un truc extraordinaire pour ça. Pour nous, c’est plus dur de se faire plaisir, il faut qu’on aille ramasser les 500 bouses de vache réparties dans un monde ouvert de 50km carré pour avoir notre petit achievement. Dans le même genre, des balles de couleur tombent au sol, et il faut fouiller dedans pour permettre à une balle blanche de s’envoler et d’exploser en balles d’une autre couleur. C’est plus joli, mais ça ne rend pas l’enfant plus calme.

Piou, piouuuu ! BAOUM !

- Les jeux de tir : appréciés de toutes les générations, ces titres iront titiller ceux qui ont connu l’âge d’or de l’arcade. L’un d’eux, par exemple, est un shoot’em up pixellisé dans lequel des insectes descendent en rangs ou en vagues et vous tirent dessus. Galaga 3 est une référence qui saute aux yeux. Par contre, on notera que notre petit rat de laboratoire ne passe pas la première vague d’ennemis (pas de notion de « mort » dans ce jeu pour enfant, mais si un seul ennemi parvient à s’échapper, toute la vague revient). Dans le même style, il n’arrive pas non plus à franchir le premier tableau du casse-brique, qui comme l’autre se joue en se déplaçant latéralement. Il faut avouer que même chez les adultes le manque de précision insupportable de Kinect n’aide pas, et la tâche n’est pas aisée. C’est donc le troisième jeu de ce type qui trouve les faveurs de Simon : on y incarne un sorcier tirant sur des diablotins volants, et la couleur de nos tirs change en fonction de l’ennemi détruit ! À plusieurs, on peut même se faire des crasses, mais ça peut vite donner lieu à des bagarres. Les petits n’aiment pas qu'on les fasse perdre…

Le singe est en toi

- Et ça tombe bien, voici une autre catégorie de jeux : les jeux sans échec. Ce sont les plus répandus dans DFHAT, ils composent un tiers du contenu. En bon garçon, Simon a sa préférence pour les jeux un peu énergiques : traverser une rivière de lave et tirer des boules de feu, ou bien à l’inverse lancer des boules de neige et se laisser congeler par le froid mortel (en cette période hivernale sévère, les SDF apprécieront… Ah ben non, ils ont pas Kinect !), pour se libérer de la glace d'un vigoureux coup de poing. L’autre jeu appréciable est bien évidemment celui où l’on peut détruire une ville à force de coups de pieds, tel King Kong ou Godzilla. Dans une scène en noir et blanc, comme au cinéma de l’époque, l’armée nous attaque avec ses avions et ses hélicos ! C’est un petit plaisir pour les amateurs de séries B. L’enfant, lui, sera ravi de se voir apparaître en photo en première page du journal, au moment où il détruit un avion.

Voyage à Slumberland

Les petits plaisirs de ce type se retrouvent dans une bonne partie des mini-jeux, qui font intervenir des surprises après de longues minutes, alors que l’on croyait qu’on avait tout vu. Par exemple, dans un jeu où le principe est de jeter des graines aux pigeons et de rester immobile pour qu’il se pose sur vous, il peut arriver que sans prévenir tout le groupe se mette à vous picorer sauvagement. On notera que le jeu, vous filmant dans votre lieu de vie, reconnaît certains meubles et les pigeons se poseront parfois sur votre canapé ou votre table. Il n’en faut pas plus pour qu’un gamin soit au Paradis. Tous ces mini-jeux sont autant de scènes qui lui permettent de s’imaginer faire des choses dans son appartement, des contextes concrets dont il s’inspire. Peut-être que le petit Simon n’a pas apprécié les jeux de danse justement parce qu’ils n’offrent pas ce contexte dans lequel s’amuser, et proposent à la place des mélanges de couleurs et de formes abstraites qui ne situent pas les enfants dans un univers dans lequel ils peuvent se raconter des histoires.

Pique les yeux, n'évite pas les nœuds

Parlons un peu de la finition du jeu, à présent. Car c’est bien d’avoir des intentions, encore faut-il parvenir à les réaliser. Est-ce parce que les développeurs n’ont pas cherché à corriger ces défauts, ou bien parce que Kinect ne le permet pas, on constate beaucoup d’imprécisions. Il faut parfois répéter le geste au moins 5 fois avant qu’il ait un effet sur l’écran, et même un enfant peut s’en apercevoir et s’énerver face à ça. En général, ce sont donc les jeux qui ne demandent pas cette précision qui trouvent la faveur de leur public. Comme évoqué plus haut, certains ont beau être appréciés, ils pèchent par une difficulté de contrôle trop grande. Sur ces jeux, il est plus facile de progresser à plusieurs (on peut jouer jusqu’à 6 simultanément), mais on se rentre vite dedans. Demandez à plusieurs enfants de 5 ans de coordonner leurs mouvements et de se répartir les zones de l’écran dont il faut s’occuper pour optimiser leurs performances, eh bien vous auriez sûrement de meilleurs résultats en demandant la même chose à des boîtes de thon. Ajoutez à cela que pour jouer dans de bonne conditions, il vous faut un recul de 2 à 4 mètres par rapport à votre écran, et que les enfants se fichent royalement de se fixer des limites virtuelles, c’est parfois une lutte pour les maintenir dans l’espace de jeu. Après un certain temps d’adaptation, tout de même, les choses s’arrangent.
C’est donc avec certaines réserves que l’on émet un avis positif sur Double Fine Happy Action Theater. Oui, les enfants sont ravis, mais sans accrocher au peu de subtilités contenues dans le jeu. En raison de certaines difficultés, 5 ans semble être la limite basse pour s’amuser avec ça. Beaucoup de bonnes intentions, de bonnes idées pour les mettre en place, mais parfois des petits détails qui empêchent de se mettre dedans, les défauts du titre sont surtout dus à Kinect, et moins aux concepteurs. Certains jeux qui convenaient moyennement à l’enfant qui nous a aidé pour le test seront sûrement appréciés d’un public un peu plus âgé. Et malgré tout, c’est sûrement un bon jeu à mettre aux goûters d’anniversaire (ou, si vous n’avez pas d’enfants, dans une soirée bien arrosée), tant que vous n’avez rien qui casse dans la pièce. Pas un chef d’œuvre, donc, mais un jouet suffisamment amusant pour que vous envisagiez de dépenser les 800 points qu’il coûte.
17 février 2012 à 01h12

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Points positifs

  • Les enfants adorent
  • Les drogués aussi (enfin on sait pas, on a pas essayé)
  • Quelques jeux sortent du lot

Points négatifs

  • ... et d'autres moins !
  • Kinect, et tous les défauts qu'on lui connaît
  • C'est des jeux ou des démos ?
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