Test : Kingdom Under Fire : Heroes - Xbox

Kingdom Under Fire : Heroes - Xbox
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Après le relatif succès de Kingdom Under Fire : The Crusaders il y a un an, Phantagram parie sur un deuxième volet, sans doute dans l'objectif de faire des KuF une saga culte. The Crusaders accusait d'évidentes faiblesses, comme sa jouabilité parfois difficilement supportable... Qu'en est-il ici ? Heroes parvient-il à briller sans jamais être assombri ? Bof.
Dans l'immense univers vidéoludique, il y a des jeux tellement marquants qu'on se dit presque immédiatement : "vivement le prochain épisode !". Il y a également des daubasses, disséminées un peu partout, d'une qualité si discutable qu'on n'imagine même pas l'éventualité d'une suite. Et puis, au milieu (de façon tout à fait imagée, bien sûr), on trouve ces créations plus ambiguës, incapables de faire l'unanimité mais pourtant bien foutues. Le grand frère de Kingdom Under Fire : Heroes, fait, à mon sens, partie de cette catégorie. Les énormes soucis de maniabilité étaient compensés par une vraie richesse de gameplay, partagée entre action pure et stratégie, l'un ne pouvant aller sans l'autre. Bref, si l'on n'attendait pas particulièrement de suite à ce soft, autant que celle-ci nous surprenne, en commençant par corriger cette jouabilité calamiteuse, et en diminuant d'un chouïa la difficulté, si possible. Le problème, c'est qu'aucun de ces voeux n'a été exaucé.

Riche, évidemment

L'histoire débute cinq ans après les événements du premier opus. Sept personnages peuvent être incarnés dans Heroes, soit sept campagnes au total, ce qui n'est déjà pas si mal : trois d'entre elles sont menées par des supposés gentils, tandis que les quatre autres présentent un héros maléfique, méchant, abject, tout ce qu'on veut de négatif. Chacune de ces campagnes affiche une profondeur scénaristique intéressante, où intrigues, complots et manipulations viennent pimenter la vie d'un joueur parfois un peu fourvoyé. Les personnages jouables s'avèrent plutôt charismatiques pour la plupart, ce qui n'a rien de négligeable ; leurs subtilités se révèlent tout au long des campagnes, que ce soit sur le plan physique - les combats - ou sur le plan moral, développé suffisamment pour avoir l'impression d'être impliqué dans une véritable histoire, avec des véritables enjeux, etc. Plutôt crédible, en somme. Etant donné qu'il s'agit d'un RTS, il me semble difficile d'en dire davantage sur le fond lui-même, car ce serait détruire d'emblée une partie du plaisir de jeu.

La richesse de Kingdom Under Fire : Heroes se justifie aussi par l'éventail d'actions offertes au joueur. J'aurais même tendance à dire qu'elles sont trop nombreuses en me fiant à ma propre expérience, mais bon... Tout le monde n'a pas mon talent. En fait, la liberté de faire quasiment ce qu'on veut - car on peut faire beaucoup de choses - représente l'origine même de la terrifiante difficulté de ce jeu. Diriger son héros et ses troupes (bon ok, ça reste le minimum), recruter des mercenaires tout en sachant que si-on-n'est-pas-obligé-c'est-que-ça-peut-être-un-piège, être souvent amené à contrôler plusieurs personnages à la fois, faire bon usage de chaque unité, utiliser méticuleusement les équipements disponibles, et tant d'autres paramètres à prendre en compte ! Parfois, on se croirait presque dans un RPG. Une énorme concentration se révèle d'autant plus nécessaire que le joueur est également censé comprendre pourquoi il se bat, finesses scénaristiques comprises. De ce côté-là, pas grand chose à redire, ça ressemble à Crusaders en amélioré, et on acquiesce. La durée de vie, bien que dépendant grandement d'un facteur qui sera développé dans le paragraphe suivant, est normalement immense. Les campagnes ne se terminent pas en vingt minutes, hélas ou heureusement.

Et ?

Et c'est à peu près tout en ce qui concerne l'innovation, si toutefois on peut appeler ça de l'innovation. Le reste équivaut à du Crusaders en pas pareil, avec son lot de point noirs, ou gris. Concernant les points gris, autant commencer par un domaine conséquent : la réalisation. Ca a beau être beau (ha ha ha) dans l'ensemble, rien ne peut atténuer ma déception à la vue d'une copie graphique du premier du nom. Mêmes défauts donc : manque de finesse qui se ressent de façon évidente dans quelques zones plus ou moins bâclées, animations pas toujours au top, parfois au bottom, accusant encore une fois une négligence, un manque de soin certain. Après, tout dépend : si on ne regarde que l'ensemble sans s'attarder sur les détails -ce qui s'avère au final très conseillé, si on veut survivre- Heroes paraît superbe. Mais Crusaders aussi. La bande-son, enfin, démontre encore une fantastique originalité : du bruit pendant les combats, du calme le reste du temps. Bon, j'avoue que ce schéma s'inscrit dans une logique difficilement discutable ; on aurait cependant pu espérer plus d'imagination quant aux musiques mêmes, qui se contentent de réunir leur ensemble de clichés rock ou autres. Peu d'efforts produits pour renforcer la réalisation, en définitive.

Nous en arrivons au problème, au vrai, qui fait (ou fera) de cet épisode un gâchis phénoménal aux yeux de nombreux joueurs, alors qu'il avait tout pour séduire : la difficulté. J'ai dû y faire allusion au moins une fois dans chaque paragraphe, tant cette frustration se montre omniprésente lorsqu'on veut parler de Kingdom Under Fire : Heroes. L'infinité de facteurs à respecter à la lettre est au final écrasante ; très souvent, la moindre petite erreur coûte la campagne entière, ce qui implique plus d'une heure de labeur inutile, d'autant qu'on ne peut pas sauvegarder en cours. Non non, sans rire, on ne peut pas. Personnellement, j'y vois là une véritable erreur de calcul de la part des développeurs, plutôt qu'une volonté de rendre le jeu encore moins accessible -ce serait du masochisme- et ça, c'est bien le genre de détail qui finit par énerver. Imaginez simplement la situation : je joue comme un dieu, gère mes troupes à la perfection, assigne les ordres adéquats, manie mon héros avec une finesse inégalée... Puis mon petit frère crie mon nom, je me retourne et... j'ai perdu. Certes, c'est, au départ, un honneur de se savoir considéré comme un dieu du pad ; pour les plus doués d'entre nous, cet honneur se transforme même en bonheur, sans doute perpétué jusqu'à la fin de l'aventure. Mais les autres ? Il faut penser aux autres, mince ! Dans le cas contraire, autant le préciser sur la jaquette : "réservé aux spécialistes du RTS sadique". Ou tout simplement, à conseiller aux gens les plus intelligents, dont je ne fais -naturellement- pas partie.
Difficile d'attribuer une note faible à un jeu qui, fondamentalement, ne le mérite pas. Kingdom Under Fire : Heroes présente au final un Live attractif, une richesse conséquente et une durée de vie des plus longues, à condition, comme je l'ai expliqué, de ne pas avoir brisé le CD préalablement. C'est comme ça.
17 janvier 2006 à 09h44

Par

Points positifs

  • Riche et complet
  • Graphiquement ultra-pas-novateur mais relativement bien foutu

Points négatifs

  • Désolé, mais c'est trop dur
  • Bande-son parfois saoulante
  • Peu de nouveautés
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