Test : Prey (2017) - Xbox One

Prey (2017) - Xbox One
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Longtemps cantonné au rang de studio de support, Arkane Studios a surpris tout le monde lors de la sortie de Dishonored, en 2012. Après nous avoir mis une claque pareille, les lyonnais avaient une sacrée pression sur les épaules. Nous livrer une suite répondant à des standards de qualité aussi élevés n’est pas chose aisée, loin de là. Mais ils y sont parvenu, et de fort belle manière, avec Dishonored 2 sorti l’année dernière. Ce qui pouvait passer pour un accident a été confirmé avec brio. Et avec Prey, leur troisième jeu qui vient tout juste de sortir, le studio continue sur sa lancée avec tellement d’aisance que cela en devient insolent.

Test effectué à partir d'une version Xbox One



Après nous avoir fait découvrir sa version alternative de la révolution industrielle, Arkane change totalement d’univers, nous amenant dans l’espace, à bord de la station spatiale Talos 1. Vous incarnez Morgan Yu, chercheur (ou chercheuse) dans le domaine des neuromods. Ces derniers sont des implants cérébraux que l’on s’injecte via la cavité oculaire, cela dans le but d’apprendre de nouvelles capacités, comme jouer d’un instrument de musique ou pirater un ordinateur. Cette technologie profite aussi de l’étude des typhons, une race extraterrestre, découverte il y a quelques années et maintenue en confinement dans la station.

Le jeu débute alors que vous vous réveillez, juste après que les aliens se soient échappés. Si votre but premier est de survivre, il faudra aussi comprendre comment tout ceci a bien pu arriver. Le jeu comprend donc une part de survie, de combat, mais aussi d’investigation. N’ayant recours à aucune cinématique, le titre parvient néanmoins à déployer une narration efficace et bien rythmée, se permettant même quelques fulgurances de mise en scène. Si l’histoire sera diversement appréciée, elle reste franchement bien racontée.

Fly me to the moon



Prey se présente sous la forme d’un FPS ouvert à la Bioshock. Comprenez par là qu’il vous permettra de visiter les zones ouvertes qui constituent Talos 1, et même ses alentours, comme bon vous semble, contrairement à un Dishonored, qui ne vous y donne accès que pour accomplir votre mission. Cela a pour avantage de décupler le sentiment de liberté du joueur, qui n’est plus contraint de suivre l’ordre imposé par un PNJ quelconque. Ici, tout se fait le plus naturellement du monde. Et cela n’est possible que grâce au level design d’exception dont bénéficie le jeu. Celui-ci ne vous bloque jamais (ou très peu) artificiellement, vous laissant toujours le choix de l’approche et du chemin à emprunter. Mieux, le canon-glue, une arme créant des boules qui se collent sur les murs, vous permet de créer vos propres routes.

Mais votre liberté ne s'arrête pas au chemin à prendre. Elle s’applique également à la manière d’aborder chaque situation. Comme pour un Deus Ex, vous pouvez choisir de foncer dans le tas, ou de faire dans la discrétion. Si, en début de partie, les deux options se valent, il vous faudra très vite faire des choix cornéliens dans le build de votre personnage pour soit soutenir votre style de jeu favori, soit vous ouvrir de nouvelles possibilités. Par exemple, si vous aimez aller au contact, augmenter votre résistance aux dégâts ainsi que votre puissance de feu vous facilitera grandement la tâche. Mais, d’un autre côté, cela veut aussi dire que vous devrez faire l’impasse sur d’autres compétences très utiles, comme le piratage.

En plus d’aborder les situations comme bon vous semble, Prey vous laisse la liberté de conclure les quêtes, même la principale, selon votre bon vouloir. Si vous le désirez, vous pouvez très bien aller directement à la passerelle de la station pour fuir à l’aide d’un des pods d’évacuation. Si le titre vous en donne clairement la possibilité arrivé aux deux tiers de son scénario, nul doute que les petits curieux trouveront un moyen de prendre la poudre d’escampette bien plus tôt. Toujours dans cet esprit libertaire, il est même possible de rater les quêtes secondaires, des conséquences à ces échecs étant prévues.

I think I’m paranoid

Le jeu vous plongera au cœur d’une invasion de typhons, ces aliens qui se sont échappés de leur cage. Ayant une morphologie assez classique, malgré leur design original, ils se démarquent avant tout par leurs capacités. Prenez le mimic, cette espèce d’araignée à quatre pattes est capable de prendre la forme de n’importe quel objet sur la station. Après s’être fait surprendre une ou deux fois, je vous assure qu’une méfiance permanente s’installe dans votre esprit. Et cela ne s’arrange pas par la suite. En effet, les nouvelles capacités ennemies que vous découvrirez, combinées aux instructions contradictoires que vous recevrez, auront tôt fait de vous rendre complètement paranoïaque. C’est sans aucun doute l’un des gros points forts du titre. Prey offrant une grande liberté d’action, avec de nombreux choix à faire, encore faut-il être certain que les informations sur lesquelles ils se basent soient correctes. Ce qui est loin d’être le cas ici. Pour tout vous dire, durant la partie, une question m’est régulièrement revenue en tête : “ce personnage est-il réellement humain ? Ou est-ce un typhon qui essaie de me duper ?” Le jeu vous donne régulièrement l’occasion de vous retourner le cerveau avec ce genre d’interrogation. Et c’est un pur régal.
Pour affronter ces ennemis implacables et insidieux, vous avez un arsenal complet à votre disposition. Assez classique dans son ensemble, il comporte néanmoins une trouvaille intéressante : le canon-glue. Ce dernier tire des boules de mousse polymère, pouvant ralentir (ou immobiliser un court instant) les ennemis, combler des brèches et, surtout, créer des chemins alternatifs. Dans le reste de l’armement à votre disposition, vous trouverez du classique avec le pistolet, le fusil à pompe et le taser, ainsi que du moins conventionnel. Notons, dans cette dernière catégorie, la charge recyclante. Au lieu d’exploser, cette grenade aspire les éléments alentours pour les recycler. Attention à ne pas vous faire recycler, cela serait dommage. Toutes ces armes, les grenades mises à part, peuvent être améliorées à l’aide de kits éparpillés un peu partout dans la station. Cela vous permettra d’augmenter leur puissance, leur précision ou encore la taille du chargeur.
Prey

Des neuromods plein la tête

Mais vos armes ne sont pas les seules à pouvoir être améliorées. Morgan peut aussi évoluer, via l’injection de neuromods. Ces derniers vous permettent d’acquérir de nouvelles capacités. Au départ, vous n’aurez accès qu’aux pouvoirs humains, vous permettant d’augmenter votre santé par exemple. C’est aussi via les neuromods que vous apprendrez le piratage et améliorerez votre combinaison ainsi que votre furtivité. Très vite, vous ferez l’acquisition du psychoscope. Cet appareil vous permet de scanner les typhons et ainsi vous donner accès à leurs pouvoirs. Vous pourrez donc, si vous le désirez, lancer des ondes psychiques, contrôler mentalement vos compères humains ou encore prendre la forme de divers objets pour vous cacher ou vous faufiler dans de petits espaces. Dans l’ensemble, les pouvoirs fonctionnent bien. Mais notre préférence va incontestablement au mimétisme, franchement fun à utiliser.

Prey

Papa bricole

Un autre aspect important du gameplay est le crafting. Vous avez ici la possibilité de fabriquer absolument tous les objets utilisables dans le jeu, même les neuromods. Pour cela, il faudra vous rendre à une borne de fabrication avec les les matériaux nécessaires après avoir trouvé le plan de l’objet désiré. C’est très pratique quand vous manquez de munitions, de kits de soin ou encore de neuromods. Et cela vous arrivera souvent. La façon de trouver les matériaux nécessaires est originale, étant donné qu’elle consiste à recycler des objets divers et variés. En fait, absolument tous les objets saisissables sont recyclables, que cela soit via une borne dédiée ou l’utilisation d’une charge recyclante. En terme d’écologie, Transtar est loin dans le futur. En jeu, cette mécanique se traduit par un T.O.C. bien familier, celui de ramasser tout ce qui traîne. Et cela deviendra vite un problème pour la gestion de votre inventaire.
Prey

Talos 1, mon amour

Mais la vraie star du jeu, c’est indubitablement Talos 1. La station spatiale offre un terrain de jeu extrêmement généreux, étant un modèle de level-design. Elle regorge de passages alternatifs et de secrets à découvrir. Si bien que vous ne serez jamais artificiellement bloqué au cours de votre aventure. Vous n’avez pas les compétences requises pour pirater cette porte ? Alors cherchez un conduit de maintenance, trouvez la carte d’accès appropriée, ou transformez vous en tasse pour passer dans cette petite ouverture. Les possibilités sont nombreuses. En plus de ce level-design réussi, Talos 1 est dotée d’une ambiance unique, avec son design rétro-futuriste mêlé au contexte horrifique du jeu. Elle offre un décor claustrophobique et angoissant au même titre que Rapture. Chaque zone de la station a sa propre personnalité, sa propre ambiance. La direction artistique, comme d’habitude avec les productions d’Arkane Studios, est admirable.
Prey

Houston, on a un problème

Mais Prey n’est pas parfait non plus. Si la direction artistique masque la plupart de ses faiblesses techniques, elle ne peut rien contre les ralentissements et autres freezes. Heureusement, ces derniers sont rares. L’autre problème est la durée des chargements, approchant la minute. Les zones visitées étant vastes, on y reste longtemps. Ce qui limite grandement leur fréquence, atténuant la gêne occasionnée au passage. Seulement, vers la fin du jeu, vous aurez à traverser de nombreuses zones rapidement, à faire divers allers-retours, ce qui multiplie ces temps de chargement. A ce moment-là du jeu, leur durée plombe réellement le rythme de l’aventure.

Prey

Comme dit en introduction, cette édition 2017 de Prey est une pépite. C’est le fils illégitime de Bioshock et Dishonored, ne prenant de ces deux licences que le meilleur. Une fois de plus, Arkane Studios nous donne l’occasion de nous plonger dans un univers riche et bien pensé, ou rien n’est à prendre pour acquis. Car c’est bien là que se situe la substance du titre, dans cette méfiance constante vis-à-vis de votre environnement. Elle s’insinue en vous dès les premières minutes et vous ronge de l’intérieur, finissant par vous rendre totalement paranoïaque. Mais si tout ce qui vous entoure essaie réellement de vous tuer, peut-on encore appeler cela de la paranoïa ?

Si vous voulez un actionner à la Call of Duty, passez votre chemin. En revanche, si vous êtes à la recherche d’une expérience plus profonde, plus viscérale, d’un jeu à l’ancienne qui vous laisse prendre vos propre décisions, Prey est fait pour vous.
22 mai 2017 à 11h16

Par

Points positifs

  • Une ambiance claustro à souhait
  • La paranoïa qui s'installe
  • Un level design d'exception
  • Une direction artistique aux petits oignons
  • Un scénario simple, mais efficace
  • Une bonne durée de vie

Points négatifs

  • De rares ralentissements et freezes
  • Des temps de chargement trop longs

Gribouillé par...

pattoune

pattoune

Ours savant

Davantage ours que savant, ce con n'a pas compris que l'hibernation c'est en hiver. Résultat, il reste cloitré dans sa grotte à longueur d'année. Ce qui arrange bien du monde. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il est même plutôt drôle à l'occasion. C'est souvent à ses dépens mais chut, il faut pas le dire. Ayant été récemment rattrapé par l'eau courante et l'électricité, il est désormais en mesure, après avoir difficilement assimilé les bases de l'hygiène corporelle, de nous livrer tests, news et autres contenus enchanteurs. Il nous reste plus qu'a espérer qu'il ne lui vienne pas l'idée de faire prendre un bain à son PC... Trop tard.
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