Quand un petit corbeau armé d’une épée se voit attribuer le rôle de faucheur d’âmes, c’est dire l’ampleur de la tâche qui l’attend. Death’s Door est, comme son nom l’indique, un jeu qui vous amènera à flirter avec le monde des morts, via une entrée située dans la grande salle des portes, une antichambre entre les vivants et les autres, le lieu de travail de notre protagoniste et accessoirement le hub central du jeu. Le problème ? L’âme qui vous était assignée s’est échappée et est probablement allée s’aventurer dans l’outre-monde. Votre mission si vous l’acceptez sera de fossoyer trois grandes âmes dans le monde des vivants, histoire de pouvoir alimenter la Death’s Door et enfin pouvoir terminer votre mission. Car oui, dans la salle des portes, l’administratif n’attend pas, ou peu.
Corvus mellori
Le jeu prend la forme d’un Zelda-like où vous emprunterez les portes du hub pour vous déplacer dans le royaume des vivants. L’ouverture de la Death’s Door passera par la récolte de trois grandes âmes, chacune d’elles étant dispersée dans un coin du royaume et prenant les traits d’un personnage haut en couleur. Ce dernier est souvent souverain ou gardien d’une zone proposant un cachet bien propre, une identité visuelle, sonore et environnementale, souvent la marque des jeux d’aventure de ce style. La progression se fait en résolvant de petites énigmes simples tout en combattant des ennemis dont la dangerosité évoluera évidemment au fil de l’aventure. Les puzzles ne sont pas bien compliqués et utilisent souvent des mécaniques habituelles aux jeux du genre : allumer des torches pour ouvrir une porte, tirer une flèche dans un interrupteur pour abaisser un pont, etc. Malgré la facilité de ces énigmes, le jeu offre un rythme impeccable en gardant un équilibre toujours quasi parfait entre combats, puzzles et avancée logique dans l’histoire. Le fait de ne jamais avoir de carte pourra être un peu gênant au début, mais le chemin reste toujours très logique et le level design, bien construit, fait que l’on ne se perd jamais vraiment. Le tout se fait avec une incroyable subtilité et un « doigté » dont seuls les développeurs d’expérience et ayant poncé tous les jeux du genre peuvent le faire.
Le combat dans Death’s Door est simple et efficace, à l’image de son esthétique dont on redira deux mots juste après. Vous aurez le choix entre plusieurs armes au fil de l’aventure (dont les caractéristiques divergent un poil), mais commencerez armé d’une épée et d’un arc. Au niveau des mouvements, une roulade salvatrice vous permet d’esquiver rapidement les coups adverses et/ou de trouver le placement idéal pour combattre. Les ennemis utilisent des attaques relativement prévisibles, mais c’est leur nombre et leur placement fourbe qui feront vraiment la difficulté. Chaque ennemi tué vous rapporte un peu d’âme que vous pourrez dépenser dans le hub central, en augmentant votre force, vos esquives ou encore la puissance de vos sorts. Car oui, dans Death’s Door, vous débloquerez des petits pouvoirs pouvant vous aider au combat, mais également à la résolution d’énigme (comme utiliser la boule de feu pour allumer des torches ou des bombes d’énergie pour casser des murs). Cela permet d’ajouter une couche d’exploration non négociable au titre puisque fouiller les environnements sera toujours bénéfique. Vous pourrez trouver des objets décorant votre bureau au siège de la commission des faucheurs ; des graines de plantes qui, une fois plantées, vous soigneront ; des sphères d’âmes ou encore des autels contenant des cristaux (verts ou roses) qui vous permettront d’augmenter votre barre de santé ou d’énergie. Il faut savoir que, lorsque vous utilisez une flèche ou un sort, vous consommez une charge que vous récupérez en frappant physiquement vos ennemis (ou un objet du décor), ce qui rajoute un peu de piment pendant certains combats. D’ailleurs, certains de ces derniers sont vraiment bien pensés, à l’image de ceux concernant les boss de fins de zones. En plus d’être esthétiquement très réussis, ils utilisent des attaques originales, souvent en mettant à profit le terrain de jeu avec de subtils rappels sur la mécanique principale ayant servi à progresser dans le donjon du maître des lieux. C’est malin, c’est drôle et c’est bien pensé (même si c’est, souvent, un peu trop facile).
La patte graphique utilisée sur le jeu est à la fois minimaliste et sublime. C’est une utilisation des couleurs très pertinente, des animations à tomber et une direction artistique de haut vol qui font qu’il est difficile de ne pas immédiatement tomber sous le charme du jeu. De plus, la bande-son est l'une des meilleures qu’il est possible d’écouter cette année, accentuant une fois encore la surprise de cette sortie d’été.