SHADOW : le cloud computer des gamers à la française

SHADOW : le cloud computer des gamers à la française
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Bluffant, voilà, le mot est lâché. Je m'attendais à des bugs, des problèmes ici et là, et peut-être même un peu de déception. J'ai eu quelques bugs et il existe des soucis, suffisamment significatifs pour que j'en parle après, mais la déception ? Non. Pas une seconde.

Précisons un peu les choses et les conditions de l'expérience :

•    A l'heure de la rédaction de cet article,  je n'avais pas reçu mon boîtier car l'entreprise est à la bourre (cf les problèmes évoqués :o). Je me suis donc connecté à ma machine via le client serveur disponible depuis peu. La différence ? Je ne suis en conditions « non optimales » car je n'ai donc pas le boîtier et son algorithme pour optimiser les flux et la compression.
•     J'use d'une connexion fibrée : 3ms de latence et 100 Mbps facile en débit descendant.
•    En revanche, je suis en wifi entre ma box et mon ordinateur personnel : j'ajoute donc du ping, un peu de latence entre les systèmes et de la fluctuation dans le débit.
•    L'expérience est menée sur mon laptop, une bécane très honnête, mais limitée : je n'ai à disposition qu'une carte 960M (donc un équivalent d'une GTX 660) et un processeur certes i7 avec 4 cœurs et 2.5 GHz max.

Pourquoi m'être imposé tout ça ? Parce que je voulais vraiment pousser le système dans ses conditions « réelles » et pas uniquement rester dans des cas « optimisés ». Je pars du principe que « qui peut le plus peut le moins ». Par conséquent, si Shadow me propose une expérience correcte dans de telles circonstances, et bien nous pouvons nous sentir confiants sur le reste. J'ai testé plusieurs jeux dont la version PC est connue soit pour être fort bien optimisée, soit pour mettre à genou les cartes graphiques, soit pour décoller la rétine tant la qualité visuelle éclate l'œil. Je me suis néanmoins restreint à la résolution en 1080p, d'une part car c'est le maximum que peut atteindre l'écran de mon portable et d'autre part car pour le moment encore la majorité des joueurs PC potentiellement intéressés par Shadow sont dans ces résolutions.

Mad Max

Mad Max

Le titre d'Avalanche Studios est un petit bijou de portage et d'optimisation. La plupart des machines même modestes le font tourner formidablement bien avec un beau niveau de détails.

Sur Shadow, le jeu explose littéralement le compteur : tous les réglages sont poussés à fond, avec filtre anisotropique à x16 (gros impact de perfs en général), gestion des effets particules et lumières au max + occlusion ambiante, et tutti quanti. Le résultat est magique : les fps s'envolent et ne baissent jamais sous les 60, on ne ressent pas la plus petite latence ! Vraiment, toute la patate et la nervosité de cet excellent jeu sont bien là. On ne penserait jamais qu'il tourne en réalité sur une machine à une centaine de kilomètres de chez soit.

Un sans-faute donc. Mais Mad Max était une épreuve « facile », bien qu'indispensable. Passons maintenant à du plus lourd.

The Witcher 3


Witcher 3

Le meilleur jeu de l'univers (ou presque, enfin ça dépend des goûts :p) est un petit bijou de qualité graphique et de performance. Les polonais de CDPR ont réalisé un boulot incroyable en nous offrant ce très très beau jeu, qui tourne de manière correcte sur des configurations modestes. Néanmoins, il faut savoir muscler sa machine si l'on veut profiter à fond de ses qualités artistiques et de la pléthore d'effets qu'il propose.

Sur Shadow, on est à nouveau conquis. En 1080p, avec les réglages poussés de nouveau à fond pour la plupart, on atteint sans le moindre problème le 60 fps. C'est vraiment beau, très très beau même, quand le vent souffle dans les herbes, que les rayons de soleil crépusculaires découpent la silhouette de Géralt, quand les particules de cendres d'une ville en feu entourent notre personnage, ou encore quand le bateau gigote dans tous les sens à Skellige.

Malheureusement, même la GTX 1070 de Shadow montre des signes de faiblesses quand les options les plus gourmandes sont activées. Difficile de tenir tout le temps son framerate avec le hairworks de Nvidia activé ou le MSAO en x8. Néanmoins, nous touchons là à l'exigence du moteur du jeu, qui plus est en open-world massif : ces limitations existaient déjà avec les configurations « hardcore » et seuls les possesseurs de carte 980 Titan, ou utilisant plusieurs cartes graphiques en parallèle, parvenaient en partie à s'en affranchir. Difficile donc d'en vouloir à Shadow qui n'a jamais eu pour vocation de concurrencer de tels monstres.

La latence est à nouveau excellente, j'oserai même dire imperceptible (en tout cas pour moi). C'est un véritable plaisir de parcourir le jeu avec une configuration vraiment solide et sur une qualité graphique si excellente.

Épreuve de nouveau concluante donc ! Il est désormais l'heure de passer au dernier round.

Deus Ex - Mankind Divided


Deus Ex MD

L'épreuve de vérité s'il en est. Le titre d'Eidos Montréal est hélas connu pour son extrême gourmandise en termes de performances. Il faut dire que le jeu n'y va pas de main morte avec une ville de Prague superbe et des effets de lumière volumétriques parmi les plus puissants de ce qui se fait dans la production actuelle. Son optimisation n'est pas la panacée, mais on reste dans du tout à fait correct, surtout comparé à un Dishonored 2 ou à Mass Effect Andromeda (qui, s'il est joli, est tout de même largement un cran en-dessous quand on pousse les réglages à fond).

Les configurations classiques à coup de GTX 970 ont du mal avec ce Deus Ex : en 1080p, il est difficile de tenir 60 fps sans sacrifier plusieurs options assez significatives. Exit donc le MSAA (l'antialiasing le plus gourmand du monde ou presque), les textures en qualité Ultra, et quelques autres trucs comme le détail des particules.

Avec Shadow, on retrouve certaines de ses limitations, mais force est de constater qu'un vrai bond qualitatif est accessible. En 1080p, voici dans le détail ce qu'on peut retrouver :

•    En Ultra tous paramètres + MSAA x4, nous voici à 35-40 fps. Un résultat honorable, mais on sent bien qu'on atteint les limites de la machine. Il suffit de baisser le MSAA en x2 pour gratter tout de suite 10 fps. En désactivant l'option, on atteint cash le 60 fps et on est tranquille, malgré quelques drops
•    En Very High tous paramètres et MSAA désactivé, le Shadow nous bombarde du 60 fps constant sans le moindre drop. Rappelons que ce chiffre constitue un « lock » par le jeu, que l'on peut faire sauter en bidouillant les .ini : Shadow nous donne alors du 80 fps sans problème et parfois plus.

La latence, dans tous les cas, demeure à nouveau complètement imperceptible. Même en Ultra avec le MSAA activé en x4. Un résultat vraiment bluffant.

Au final, les tests se sont avérés très très positifs pour moi. Une machine qui tourne du feu de Zeus, toute fluidité et options graphiques à fond, sans ressentir ou détecter de latence. Pour moi qui suis de plus très sensible au motion-sickness, je peux vous garantir que j'aurais vite ressenti l'effet. En outre, il est très très agréable de pouvoir augmenter le FOV en profitant de la puissance du Shadow et s'offrir une expérience vidéo-ludique de haute qualité. Je ressens en partie le frisson que peuvent éprouver les possesseurs de machines monstrueuses et clairement il me serait très difficile de revenir un cran en dessous.

En parallèle, plusieurs journalistes de la presse spécialisée plutôt crédibles ont eu l'occasion de poncer leurs impressions sur du jeu multi. Battlefield 1, Counter-strike GO, Overwatch ou encore Street Fighter V : tous remontent l'excellence de l'expérience, avec une latence soit a priori complètement absente, soit si minime que son impact ne se faisait nullement ressentir. On vous conseillera ainsi la lecture du très bon article de Gamekult sur le sujet.

Shadow réussit donc brillamment ses performances techniques et sa promesse d'une expérience de cloud-gaming en stream à très haut niveau. Pas de ralentissement, pas de déconnexion, pas de chute de framerate intempestive, pas de latence insupportable. La barre est haute, très haute, et la concurrence nous fait l'effet d'être à une année-lumière de distance. Bravo à la start-up française ! Le pari est remporté.

Est-ce pour autant un sans-faute ? Non. Shadow souffre de plusieurs problèmes et de quelques soucis encore en cours de correction. Nul doute que ces derniers seront résolus à terme, suite aux patchs de rigueur et au suivi de l'entreprise qui ne risque pas d'abandonner son produit après trois mois comme peuvent le faire certains éditeurs peu scrupuleux (je vise personne, mais suivez mon regard : vous savez où il pointe).
01 juin 2017 à 09h31

Par Visiteur du Futur

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