SHADOW : le cloud computer des gamers à la française

SHADOW : le cloud computer des gamers à la française
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Shadow a tout du produit miracle et, pour une certaine partie de sa communauté qui a accès au service complet depuis décembre 2016, il s'agit bel et bien d'une révolution majeure dans le milieu du gaming. Critiques dithyrambiques, comptes-rendus élogieux, hype à 4000%, et cetera : c'est peu dire que Blade ne laisse pas indifférent. J'oserai en partie comparer la start-up à Apple ou à Valve qui, malgré toutes les critiques justifiées qu'elles génèrent, auront eu une influence extraordinaire sur nos habitudes ludiques. Le Shadow de Blade possède clairement ce même potentiel, mais le chemin est encore loin et il ne serait pas juste de passer sous silence ce qui ne fonctionne pas (ou pas encore).

Un certain nombre d'utilisateurs remonte aujourd'hui des soucis de périphériques non reconnus : particulièrement gênant quand il s'agit de la télévision ou d'un écran 72 pouces à résolution 4K ou 3D ! Blade nous explique qu'il existe beaucoup de modèles et de technologies et qu'ils n'ont pas encore réussi à tout couvrir car malheureusement l'industrie n'a pas suivi de normes globales et chaque constructeur a tendance à faire à sa sauce. À l'heure actuelle, l'entreprise considère avoir résolu la plupart de ces problèmes et se piquerait même de réfléchir à une future solution qui permettrait de jouer en VR à haut niveau de performance.

Nous n'en sommes toutefois pas encore tout à fait là et l'on rencontrera parfois quelques problèmes en ce qui concerne les détections des claviers et souris en wireless, quoique de manière ici beaucoup plus occasionnelle. Cela reste néanmoins assez ennuyeux quand on fait partie de la minorité en question. Côté manette, en revanche, a priori les soucis sont rares et corrigibles sans trop d'embêtements.

Reste enfin LE bug qui fait mal et qui m'a affecté tout particulièrement. À partir du client Windows, il m'est tout simplement impossible de passer ma machine virtuelle en plein écran. Mes tentatives ont toutes systématiquement abouti à un plantage en règle, me forçant à effectuer un redémarrage sauvage de mon propre PC. Autant vous dire que ça a sérieusement modéré mon enthousiasme pour le produit, alors que je vous loue ses qualités depuis des pages. Blade nous a confié que la stabilité de l'application Windows pour leur service n'est pas encore 100 % stable et que la multitude des configurations à prendre en compte complique leur travail. Le problème mentionné ci-dessus est donc connu et des correctifs sont à l'étude. Ces derniers sont cependant appelés à devenir obsolètes dans notre cas car l'utilisation du boîtier « Shadow » est censée être parfaitement exempte d'un tel bug. En ce qui me concerne, j'avoue être fort impatient de découvrir ce qu'il en sera ! Le test du boîtier en lui-même et de la connexion par son office fera d'ailleurs l'objet d'un autre article ;)  (parce que même moi j'ai besoin de dormir). Le problème est connu de Blade et un correctif devrait arriver sous peu ; on m'assure également que ce bug n'apparaîtra pas en utilisant le boîtier. À l'heure où je publie cet article, toutefois, ce n'est pas encore résolu.

Enfin, il est à noter que Blade démontre un fonctionnement paraissant parfois très « start-up » dans son attitude et dans sa relation vis-à-vis de ses clients. On pourra trouver celle-ci logique car l'entreprise est de facto une jeune pousse et ses effectifs demeurent encore réduits. Sa communication est volontairement très « entrepreneuriale », avec de l'humour, des vidéos d'explication en forme de sketches, des excuses sincères mais détonantes quand les problèmes arrivent, et surtout un sentiment parfois d'amateurisme dans ses réalisations. Le fait est que beaucoup de choses semblent être faites à l'arrache chez Blade, un peu comme cet étudiant brillant mais pas organisé qui se prend une nuit blanche pour finir son rapport de stage/sa thèse lors du dernier jour de la deadline. Blade, de la même manière, cumule les retards et les soucis : un tel fournisseur est en rupture de stock, telle mise à jour fout le bazar dans l'algorithme, le datacenter buggue et les machines virtuelles s'éteignent, etc…  On ne saurait lui reprocher tout cela car aucun projet ne s'est jamais déroulé sans accroc. Toutefois, il semble parfois aberrant qu'une analyse de risque ou que des tests en amont, voire même un simple plan B par anticipation, n'aient pas été réalisés. Conséquence : les utilisateurs sont bloqués, ça râle (à juste titre) et les équipes de Blade se retrouvent à cravacher pendant la nuit et le week-end pour éteindre le feu.

À ce sujet, le grand lancement du client Windows qui a eu lieu le 20 avril a cumulé tout cela. Évidemment, les machines ont bogué, évidemment le client n'a pas pu être accessible par tous, évidemment des tas d'utilisateurs ont eu des problèmes ici et là, et évidemment tout le monde se disait que le service serait accessible le jour dit, ce qui a entraîné une saturation dans tous les sens et un certain affolement. La communication est arrivée assez vite et le service est devenu opérationnel à plus de 90 % environ 48 heures plus tard, ce qui est en soit remarquable, mais on se dit tout de même qu'il eût fallu peu de choses pour éviter ces nuits blanches à l'équipe.

Je ne jette pourtant pas la pierre à Blade : pour bosser moi-même sur des projets très importants, dans des entreprises structurées et avec des équipes conséquentes, je sais à quel point tout peut soudain partir en cacahuète à partir de rien. Et qui parmi nous peut avoir oublié la nullité absolue de Blizzard au lancement de Diablo 3, quand les serveurs sont tombés ? Ou les premières bêtises d'Ubisoft avec ses jeux multi en ligne ? Le lancement catastrophique de Batman Arkham Knight sur PC ou, plus récemment, le gouffre abyssal de qualité que nous proposent les modélisations faciales de Mass Effect Andromeda ? Les plus grands eux-mêmes ont leur lot de casseroles et certains ont su tirer les leçons de leurs erreurs pour offrir de la vraie qualité ; gageons que Blade saura se structurer et faire de même.
01 juin 2017 à 09h31

Par Visiteur du Futur

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