La masterclass de Viktor Antonov

La masterclass de Viktor Antonov
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Viktor Antonov revient ensuite sur des œuvres cinématographiques majeures en ce qui concerne la création de cités imaginaires. Et si les films choisis ne sont pas toujours très bons, leurs décors sont incontestablement travaillés, voire impressionnants.

Just Imagine

Le premier film dont il est question ici, sorti en 1930, est, semble-t-il, foutrement mauvais (vous pouvez toujours en regarder les premières minutes pour vous en convaincre). Mais encore une fois, ce ne sont pas ses qualités cinématographiques qui nous intéressent, mais son décor. L'idée de base du film est d'imaginer à quoi ressemblera New York en 1980. Outre le fait que l'équipe artistique du film s'est bien plantée, la ville n'en est pas moins une réussite du point de vue du design. Pour les besoins du tournage, elle fût modélisée sous la forme d'une maquette de 85 mètres de long pour 25 mètres de large. Selon Antonov, c'est le premier vrai film de science-fiction. Et si on ne sera pas forcément d'accord avec cette affirmation, on ne peut en revanche qu’acquiescer lorsque le bonhomme indique que le film porte une « vision de la métropole américaine gigantesque. » La photo du décor ci-dessous vous évoquera sans doute Gotham City. Ce qui est normal, les deux cités ayant la même source d'inspiration : le travail de Hugh Ferriss.
Décor de Just Imagine

Just Imagine

Metropolis

Dire que Just Imagine est le premier film de science-fiction n'est pas tout à fait exact, étant donné que Fritz Lang a réalisé Metropolis trois ans auparavant. Ce film narrant une histoire d'amour interdite, aux ressorts pour le moins classiques, est davantage connu pour ses qualités plastiques, de mise-en-scène et son budget colossal pour l'époque. De même, la polémique sur la propagande pro-aryenne (introduite par la compagne de Fritz Lang à l'époque) diffusée par le long métrage. Inspiré par la mythologie de la tour de Babel, le film se déroule dans un univers où la société est divisée en deux classes. D'un côté, on a les « élus » qui vivent dans l'opulence au sommet d'une tour, et, en bas, on a les habitants de la ville qui mènent une vie d'esclave, fournissant aux élus tout le confort dont ils ont besoin. La ville de Metropolis, et plus particulièrement la tour massive qui la surplombe, est incontestablement l'un des personnages principaux de cette œuvre majeure de l'expressionnisme allemand des années 20. Cette tour fût dessinée par un illustrateur n'ayant aucune connaissance spécifique, ni aucune référence en architecture. Ce qui ne l'a pas empêché de créer l'un des édifices les plus marquants de l'histoire du cinéma. À Antonov de conclure sur ce film : « Pour une fois, l'architecte est devenu le créateur et le scénariste du film. » Ajoutant également « La présence de cette tour est tellement lourde et puissante. »
La tour de Metropolis

Metropolis

Blade Runner

Vient ensuite le tour de Blade Runner, le film de Ridley Scott sorti en 1982, que Viktor Antonov qualifie comme étant un héritier direct de Metropolis. « Tout est basé sur l'esprit de la ville » affirme-t-il, avant d'attirer notre attention, via diverses images, sur un aspect intéressant : les détails. Pour lui, c'est par ces derniers (patines, tuyaux, fils, effets organiques) que transparaît l'histoire de la ville, lui donnant un aspect ancien. Un autre point important qui donne sa personnalité à cette ville est son côté contradictoire, oscillant entre utopie et dystopie. D'un côté, on a une mégalopole oppressante, sombre, noire. Mais ses rues sont vivantes, avec une foule dense et assez joyeuse que l'on ne retrouve pas aux États-Unis aujourd'hui. Pour lui, c'est une célébration de la ville : « Il y a une foule dans la rue, même si c'est sale, qu'il fait nuit, qu'il pleut tout le temps. Il y a des gens, des lumières, une vie urbaine, un esprit urbain. C'est une ville vibrante et vivante, assez romantique en fait. »
Le Los Angeles de Blade Runner

Blade Runner

Renaissance

Là-dessus, la star de la soirée embraye avec son travail sur Renaissance, le film d'animation de Christian Volckman sorti en 2006. L'histoire se déroulant dans la capitale française en 2054, il devait créer « un Paris futuriste légèrement parallèle ». Là-dessus, il nous présente des croquis de préproduction ayant servis pour des recherches de design, pour déterminer l'ampleur de la science-fiction. Il nous expose ensuite certaines des questions qui se sont posées à cette étape de la création. « Fait-on les choses à l'américaine ? Quelles sont nos influences par rapport à Metropolis/ Blade Runner ? Va-t-on loin dans le futur ? » Puis il nous parle de sa logique de création : « on prend la logique architecturale d'une ville et on la retourne un petit peu. On augmente et on ajoute des éléments. Mais on ne s'éloigne pas trop de la réalité. » Il enchaîne en opposant les idées françaises et américaines de la richesse, architecturalement parlant. En France, c'est le premier étage qui est occupé par les classes aisées, alors qu'aux États-Unis, elles occupent plutôt le dernier. À partir de ce constat, il nous explique, croquis à l'appui, que l'on peut exagérer ces conceptions pour obtenir un design original.
Revenant sur Renaissance, il nous explique que sa ligne directrice pour le design du Paris de 2054 est la suivante : « à quoi ressemblerait Paris si la première guerre mondiale n'avait pas eu lieu ? » Posée comme ça, la question paraît saugrenue. Mais le fait est que durant la grande guerre, tout le métal était employé à la fabrication d'armes et de munitions. Et c'est à cette même époque que l'emploi de ce matériau pour la structure des immeubles fût interdit. Ce qui donne déjà une idée plus claire de l'impact de ce questionnement sur le design final de la ville.

Renaissance
15 octobre 2012 à 21h49

Par Pattoune

Gribouillé par...

pattoune

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Ours savant

Davantage ours que savant, ce con n'a pas compris que l'hibernation c'est en hiver. Résultat, il reste cloitré dans sa grotte à longueur d'année. Ce qui arrange bien du monde. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il est même plutôt drôle à l'occasion. C'est souvent à ses dépens mais chut, il faut pas le dire. Ayant été récemment rattrapé par l'eau courante et l'électricité, il est désormais en mesure, après avoir difficilement assimilé les bases de l'hygiène corporelle, de nous livrer tests, news et autres contenus enchanteurs. Il nous reste plus qu'a espérer qu'il ne lui vienne pas l'idée de faire prendre un bain à son PC... Trop tard.
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