La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?

La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?
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Enfonçons des portes ouvertes et rappelons l'évidence : si glorieux que puisse être le catalogue à licence d'Activision, si respectées et incontournables que sont (ou furent) les productions de Blizzard, il demeure un titre en particulier qui surclasse de manière sidérale tous les autres.
La licence phare d'Activision est plus qu'une vache à lait : avec plus de 400 millions d'exemplaires au 3 février 2020 , la série n'était alors dépassée que par Tetris et talonnée par Mario et Pokémon, tandis que sa rivale Battlefield approche « seulement » les 80 millions d'unités vendues .
Rien que « COD WarZone », déclinaison de la licence en un F2P battle-royal, a su réunir plus de 100 millions de joueurs entre mars 2020 et avril 2021  : un chiffre colossal, qui permettrait de générer quasiment 2 milliards de dollars de revenus en microtransactions . Un montant équivalent à celui que Fortnite rapporte supposément à Epic Games.

En comparaison, d'après ses déclarations financières au NASDAQ, Activision a respectivement obtenu un chiffre d'affaires d'environ 6 milliards de dollars en 2019, environ 8 milliards de dollars en 2020 et 10 milliards de dollars estimés pour 2021 . 
Dans tous ces dollars on peut supposer que Call of Duty aura compté, au minimum, pour un tiers du chiffre d'affaires de l'éditeur.
Un tiers de 10 milliards de dollars. Avec une seule licence.
Même Star Wars ne fait pas plus.

Call of Duty Vanguard

Donc Call of Duty fait la fortune d'Activision.
Soit.
Mais ce n'est pas tout : le titre soutient de plus toute l'industrie des consoles concernées. L'économie d'un consolier diffère en effet de celle d'un éditeur : là où le second cherchera à vendre le plus d'exemplaires de son jeu au prix le plus haut, le premier lui se rémunérera par les royalties  qui lui versera l'éditeur pour que son jeu soit porté sur la console en question. Ainsi Sony et Microsoft n'ont pas pour intérêt premier de vendre au plus cher leur PlayStation et Xbox, mais bien d'en vendre le plus. Ceci afin de disposer d'un parc installé suffisamment attractif pour que chaque éditeur tiers cherche à lancer ses jeux sur leurs machines et donc à s'acquitter des très coûteuses royalties.
Ces dernières sont constituées d'une combinaison de prix fixe et de prix variable qui dépendent entre autres du succès du jeu (en termes d'exemplaires écoulés, physiques ou non). N'étant pas dans le secret des dieux, nous serions bien en peine d'apporter des détails chiffrés. Toutefois, il est globalement considéré qu'un taux de 30% représente la part des royalties qui reviennent aux constructeurs de consoles. Un chiffre qui n'est pas sans rappeler celui qu'appliquent les distributeurs numériques avec Steam et GOG.

Et c'est bien cette potentielle perte des royalties qui fait frémir Sony et qui concentre en premier lieu l'attention sur Call Of Duty. Que Microsoft décide « tout d'un coup », après la finalisation du rachat, de rendre la licence indisponible sur PlayStation et toute l'équation économique du Japonais s'en retrouverait bouleversée. Le site australien TweakTowns rapporte ainsi que l'analyste financier américain CitiGroup  estime que Sony pourrait perdre jusqu'à plus de 250 millions de dollars par an . 
Alors certes Sony Interactive Entertainment, la branche qui gère les affaires PlayStation, a déclaré avoir réalisé un chiffre d'affaires de 25 milliards de dollars en 2020 : la perte de COD pourrait ainsi ne représenter que 1% des ventes, ce qui relativise l'affaire.
Mais dans les faits, cela reviendrait surtout pour Sony à perdre une part considérable de ses joueurs et donc de disposer d'un stock moindre de consoles vendues. Ce qui, par effet domino, reviendrait à rendre la PlayStation moins attractive et inciterait donc moins d'éditeurs tiers à porter leurs jeux dessus.
Et moins de jeux = moins de joueurs intéressés, donc encore moins d'acheteurs et moins de consoles vendues, et la boucle est bouclée.   

Un cercle vicieux contre lequel Sony pourrait partir en guerre ? Mais à quel prix ?
08 février 2022 à 00h42

Par Visiteur du Futur

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