La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?

La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?
Partager
Dans l'immédiat, Sony n'a donc aucun intérêt à se précipiter dans un achat aussi massif qui mobiliserait jusqu'à la moitié de sa puissance financière et mettrait sérieusement en péril ses capacités d'innovation et de recherche.
Les accords entre Activision et Sony concernant Call of Duty n'expireront pas avant 2023 au bas mot. De plus, le processus d'acquisition et d'intégration d'Activision par Microsoft doit suivre un bon nombre d'étapes précises, soumis à l'accord des agences gouvernementales états-uniennes. Là aussi la conclusion ne devrait pas intervenir avant 2023.
Par ailleurs Microsoft a déclaré, dès les jours suivant l'annonce du 18 janvier, ne pas souhaiter remettre en question la distribution actuelle des titres d'Activision. Call of Duty et compagnie vont donc demeurer pour le moment sur PlayStation.

Sony a donc un peu de temps devant lui et dans de telles conditions le temps c'est de l'argent. Pourquoi en perdre en déclenchant par anticipation une guerre qui, sur le papier du moins, n'aura pas forcément lieu d'être ?
Microsoft dispose en effet d'un large éventail de possibilités vis-à-vis de COD, s'étendant entre le business as usual jusqu'à l'option de la guerre thermonucléaire que serait une exclusivité du jeu sur le gamepass. Une décision ultime qui, à n'en pas douter forcerait, Sony à enclencher sa propre offensive.
Mais nous l'avons vu précédemment : les guerres de monopole ont rarement été à l'avantage des premiers concernés. Et l'Américain n'a pas besoin d'en arriver là et pourrait ainsi se contenter d'utiliser COD en soft power, par exemple en proposant des contenus spécifiques au gamepass tout en conservant le titre à la vente sur PlayStation ; voire même de ne pas intégrer son jeu directement au gamepass.

Xbox Game Pass

Car la stratégie de la firme de Redmond est avant tout celle d'un conglomérat. D'un intégrateur de solutions cohérentes entre l'ensemble de ses produits. Pourquoi s'acharner et dépenser des centaines de milliards à détruire Sony alors qu'on peut amener progressivement les joueurs à s'abonner, à se familiariser à son écosystème et à le retrouver sur l'ensemble des produits Microsoft : console, PC, tablette, smartphone Télé ?
Ne nous y trompons pas : Microsoft réalise beaucoup de bénéfices grâce à la mainmise de son système d'exploitation et de ses solutions logicielles. L'enjeu et le défi pour l'entreprise sont là : conserver et étendre ce monopole-là, eux qui ont déjà gagné puis perdu la guerre des navigateurs et des moteurs de recherche pour le moment.

Sur ce terrain-là, Sony n'est pas un concurrent de Microsoft et les deux entreprises le savent. Sony peut en réalité se voir beaucoup comme un conglomérat axé sur le divertissement, par ses branches musiques et cinéma par exemple : la simple force de la licence Spiderman (et son univers spécifique associé) est comparable avec ce que peut rapporter un COD. Évalué sous cet angle, l'achat d'Activision-Blizzard-King relève beaucoup plus d'un coup opportuniste que des prémices d'une invasion de Microsoft sur les terres de Sony.

D'autant que si les bénéfices faramineux que rapportent les licences d'Activision seront évidemment appréciés, tout comme la quantité de joueurs associés qui basculeront sur le gamepass, les 70 milliards de dollars dépensés vont aussi (et surtout) permettre à Microsoft d'avancer des pions très forts sur le marché du mobile (où il est inexistant, alors que King en est un des poids lourds avec la licence Candy Crush) et consolider sa présence auprès des joueurs PC pour qui le nom de Blizzard conserve encore une véritable aura.
08 février 2022 à 00h42

Par Visiteur du Futur

Revenir en haut