La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?

La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?
Partager
Car une guerre, ce n'est pas seulement des objectifs et du butin : c'est avant tout des dépenses, des pertes, et une énergie considérable qui pourraient être bien mieux employées ailleurs. Au point que les gagnants y perdent souvent tout autant que les vaincus.
À plus forte raison si la concurrence, elle, s'est bien gardé de telles aventures et en ait profité pour investir à foison et coiffer tout ce beau monde au poteau.

Si un tel scénario vous évoque quelque chose, c'est normal : il s'est déjà produit.

L'on vous rassure, nous n'allons pas refaire l'exhaustivité des guerres qui ont animé les constructeurs et éditeurs depuis la genèse du jeu vidéo dans les années 70. Parmi la multitude des conflits qui opposèrent les uns et les autres, nous avons choisi de retenir l'affrontement emblématique entre Nintendo et Sega dans les années 90, ainsi que la bataille entre la Xbox One et la PS4 à leurs lancements en novembre 2013 : ces deux exemples illustrent chacun à leur manière le propos sur les « pertes & profits » tenu dans le paragraphe précédent.

Quantité d'articles, de dossiers, ou même d'ouvrages, retracent en détail la rivalité qui anima Nintendo et Sega. Dans les grandes lignes, ces deux acteurs ont su s'imposer progressivement de la fin des années 80 au milieu des années 90, jusqu'à éclipser de manière définitive l'ensemble de leurs concurrents. Citons le cas emblématique de la PC-Engine de 16bits, lancée par NEC en 1987 au Japon, qui rencontrera un succès assez correct jusqu'en 1994 avec 10 millions d'exemplaires vendus au total, mais demeurera loin, très loin, des 35 millions de MegaDrive lancée en 1988 et des quasi 50 millions de SNES lancée en 1990.

Nintendo et Sega sont donc les seuls maîtres à bord. Les constructeurs s'affrontent à grand renfort de publicités devenues cultes (en France, notre fameux « Sega, c'est plus fort que toi ! »), de jeux exclusifs de grande qualité et d'accessoires plus ou moins intéressants, mais forcément indispensables pour les passionnés que nous sommes (le Mega CD et le super Scope, pour ne citer qu'eux).


Cette stratégie de cliver les joueurs fonctionne et chacun choisit « son » camp, « sa » console et les jeux associés, pour le plus grand bonheur des constructeurs dont les ventes explosent.
Seulement il ne suffit pas d'être parmi les deux premiers : il faut être le n°1. Et si possible le seul. L'unique.

D'autant que la concurrence n'a pas tout à fait dit son dernier mot : Atari met la pression en sortant sa Jaquar 32bits en novembre 1993, emboîtant le pas à 3DO qui fit de même un mois plus tôt avec sa console éponyme (également en 32bits).
Si le succès n'est pas au rendez-vous pour ces deux machines, les signaux envoyés étaient clairs : faire plus ou renoncer. À plus forte raison pour Sega dont les ventes au Japon demeurent dérisoires. Pour ne rien arranger, Sony et Nintendo ont officialisé leur divorce depuis 1991 et le premier prévoit de débarquer en décembre 1994 avec sa propre machine : la PlayStation.
 Sega va donc se montrer agressif et dégainer dès novembre 1994 sa nouvelle console phare : la Saturn, elle aussi 32 bits. L'enjeu est majeur : couper l'herbe sous le pied de Sony, conquérir le Japon et s'imposer face à Nintendo qui a pris un sacré retard empêtré dans ses problèmes avec le support CD-ROM et dans son alliance avec Philipps.
Si les choses se passent plutôt bien au lancement, l'absence de jeux marquants et la présence de l'app-killer que représente Final Fantasy 7 sur la machine de Sony vont faire petit à petit pencher la balance en faveur de la PlayStation. Les titres apportés par les éditeurs tiers sur la Saturn ne suffiront pas à inverser la tendance. D'autant que la console se vend terriblement mal en Amérique et Europe, marchés que Sega dominait jusqu'alors largement. Le coup de grâce est amorcé par Nintendo qui sortira en 1996 sa 64 bits (enfin !) et surtout son excellent Mario 64 qui dépassera Sonic 3.


La suite de l'histoire ne s'arrangera ni pour Sega ni pour Nintendo. L'absence constante de grands jeux des éditeurs tiers constituera pour chacun un problème récurrent, additionné à des choix hardware plus ou moins bénéfiques alors que Sony cochera lui l'intégralité des cases. La PlayStation 2 sortie en 2000 finira par enterrer une Dreamcast qui avait pourtant tout pour elle, à l'exception de jeux capables de faire la différence . La GameCube de Nintendo en 2001 ne parviendra pas non plus à faire le poids, d'autant que la disparition de Sega en tant que consolier la même année sera immédiatement comblée par l'arrivée opportuniste de Microsoft et de sa Xbox sortie en 2001 aux États-Unis.

La guerre Nintendo-Sega s'achèvera donc ainsi : victoire à la Pyrrhus de Nintendo, mais incapable de contenir Sony et encore moins Microsoft qui deviendra le seul véritable concurrent de la PlayStation. Et si l'entreprise japonaise demeure une véritable légende et l'éditeur le plus emblématique au monde, capable aujourd'hui encore de redéfinir en un seul jeu l'intégralité d'un genre , la console Nintendo ne boxe définitivement plus dans la même catégorie que ses concurrents.
08 février 2022 à 00h42

Par Visiteur du Futur

Revenir en haut