La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?

La nouvelle guerre des consoles aura-t-elle lieu ?
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Si les acquisitions précédentes de Microsoft, pour prestigieuses qu'elles fussent (Inxile, Obsidian), n'avaient pas suscité de réaction éloquente de la part du constructeur japonais, il commença à en être un peu différemment quand le géant américain s'offrit l'éditeur Bethesda. Toutefois, cette action de Microsoft pouvait encore être vue comme un simple « rattrapage », en réaction aux nombreux achats qu'avait effectués Sony dans le passé (notamment en 2019 avec Insomniac Games pour 229 millions de dollars) ou par rapport au financement conséquent de son catalogue d'exclusivités.

L'achat d'Activision est en revanche d'une tout autre catégorie. Par conséquent il semble inévitable et forcé que Sony ne réagisse à son tour.

Car réaction il y aura : c'est une certitude.
La seule véritable question est de savoir sous quelle forme.

La première hypothèse qui nous vient à l'esprit consisterait à un rachat par Sony d'une entité au moins aussi comparable qu'Activision. Ou qui posséderait une licence aussi bénéficiaire que peut l'être Call of Duty.
Il n'en existe évidemment guère. L'on pense immédiatement à GTA 5 qui appartient à Take-Two , société qui déclarait 3 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020 et dont la valorisation s'élève à plus de 18 milliards de dollars sur le NASDAQ. Tout comme FIFA ou Battlefield, rival de toujours de COD, tous deux appartenant à Electronic Arts qui déclarait plus de 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020 pour une valorisation de 38 milliards de dollars.
En comparaison, Activision dépasse les 60 milliards de dollars de capitalisation — une bagatelle en somme. D'où l'offre de Microsoft à presque 70 milliards.

Activision Blizzard

Sony peut-il s'offrir un Take-Two ou un EA ? Techniquement oui, car le groupe dans son intégralité (et pas uniquement la division jeux vidéo) a généré environ 80 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2021 pour un bénéfice après impôts d'environ 8 milliards de dollars. De quoi faire quelques emplettes.
Mais peut-être pas des emplettes à 70 milliards de dollars. Ni même la moitié.
Car si Microsoft est capable de débourser une telle somme, il faut bien mentionner que le conglomérat américain déclarait plus de 160 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2021, pour un bénéfice après impôts de plus de 60 milliards de dollars.

L'effort que devrait consentir Sony pour acquérir Electronic Arts ou Take-Two serait par conséquent considérablement plus important que ne l'a fait Microsoft pour Activision. D'un facteur 10 a priori.

En d'autres termes, si Sony s'y résolvait le constructeur japonais prendrait un risque financier très fort et ne pourrait dès lors viser rien de moins que la première place, la domination indiscutable. Tout autre résultat serait un échec et Sony n'aurait plus les moyens d'appliquer une nouvelle stratégie : la majorité de ses ressources aurait été engloutie dans l'acquisition précédente.

Ce qui, pour le coup, donnerait bel et bien le signal d'une nouvelle guerre des consoles.

MISE A JOUR : Le rachat de BUNGIE par SONY



Bungie

Life is a bitch. Nous étions littéralement à quelques heures de la publication de cet article quand la nouvelle de la "réponse" de Sony à Microsoft est tombée lundi 31 janvier (au soir, évidemment), obligeant à nous pencher sur cette nouvelle donnée.

Biais de confirmation ou analyse visionnaire de notre part ? Toujours est-il que l'achat de Bungie par le consolier japonais nous semble corroborer les hypothèses décrites ci-dessus.
Sony nous semble faire le choix d'une acquisition centrée sur les jeux, le développement de futurs titres  pour son propre écosystème. Nul doute que Bungie et son Destiny 2 constituent une excellente prise pour le japonais : le studio peut se targuer d'être l'un des rares à disposer d'une expérience significative et fructueuse dans le jeu-service, à l'inverse des fours monumentaux de certains de ces concurrents ces dernières années .

Avec une dépense de 3.6 milliards de dollars, l'effort de Sony est conséquent, mais demeure vingt fois moins élevé que la somme déboursée par Microsoft. Or nous avions justement évoqué un ratio de 10 entre la puissance financière des deux entreprises. Le constructeur japonais réalise donc un achat significatif,  mais qui ne le met pas en péril et conserve des finances saines pour l'avenir.

Le tempo de la déclaration de Sony avec ce rachat tombe bien évidemment à pic. Toutefois, rappelons que le monde des affaires est un monde de lenteur et qu'il est impossible qu'une telle opération se soit décidée en quelques semaines par les deux parties prenantes. Tout comme Microsoft et Activision, les discussions entre Sony et Bungie se sont étalées sur plusieurs mois pour trouver leur conclusion aujourd'hui .

Et il est difficile de ne pas y voir la réponse du Japonais à Microsoft plutôt vis-à-vis du rachat de l'éditeur Bethesda plutôt que, directement, de celui d'Activision.

Enfin, soulignons l'ironie délicieuse de ce rachat de Bungie par Sony alors que le studio avait passé de nombreuses années dans le giron de Microsoft pour créer le titre exclusif le plus emblématique de la marque : Halo. Voici donc ses développeurs historiques dans l'écurie concurrente ! D'autant que Bungie avait également noué un partenariat de dix années en 2010 avec… Activision !

Le Futur est décidément très taquin.
08 février 2022 à 00h42

Par Visiteur du Futur

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